Les soeurs Brelan, de François Vallejo

21 Oct

Viviane Hamy

Lu par Claire

Trois soeurs aux yeux gris se retrouvent orphelines dans la France de l’après-guerre, l’aînée vient tout juste d’avoir vingt et un ans, et peut ainsi devenir la tutrice de ses plus jeunes sœurs contre l’avis général. Elles se battent pour leur indépendance et pour rester unies, un désir d’unité qui menacera de les séparer à jamais. Trois caractères d’exception, très différents, qui auraient voulu ne vivre qu’un seul et unique destin.

Le roman de François Vallejo met en scène trois protagonistes, trois soeurs anormalement liées. Elles s’aperçoivent au fil du temps que leur vie personnelle ne peut que souffrir de ce lien surdéveloppé, à part Judith, la benjamine, farouchement accrochée à cet idéal de cohésion familiale. Les deux aînées essayent chacune à leur tour de s’émanciper de cette relation, qui est tout à la fois une prison et une force formidable.

Le style de François Vallejo dans ce roman est assez particulier, et participe à l’impression d’étrangeté, voire de malaise, qui se dégage du récit. On imagine l’ambiance aussi grise que les yeux des trois sœurs. Le narrateur est à la fois chacune des trois sœurs, chaque personnage croisé, la foule qui les observe et les juge, et enfin l’auteur- lecteur qui existe hors du récit. Il parle tour à tour à la place de Marthe, de Sabine, de Judith, des trois en même temps, puis de leur grand-mère Madeleine, de leur tante Rosie, de la foule du Tribunal, de leurs employeurs. Cette intrusion dans les pensées de chacun donne une dimension complexe, mais aussi intime, au roman. Le lecteur est invité à prendre à son tour le rôle d’un de ces personnages dont la voix est relayée par l’auteur. La mayonnaise prend bien, on a envie de tourner les pages et de savoir comment va se terminer cette histoire, que l’on sent pourtant dès le début empreinte de pessimisme.

« La triple voix monte, couvre les autres : Disons-leur, Judith, Marthe, oui, Sabine (…).

Monsieur, le Juge, qu’attendez-vous pour les faire taire ?

Le Juge se redresse dans son costume croisé gris (…). »

La force de François Vallejo : on s’attache aux personnages dès la première page. Les caractères sont originaux, on suit les sœurs Brelan tout au long de leur vie de fille puis de femme. Ce livre est une minutieuse description des épreuves que traversent les femmes tout au long de leur existence. C’est aussi une analyse originale des relations familiales.

La faiblesse : la particularité du style, répété et répété, rend le tout parfois un peu monotone, et même légèrement déprimant.

Un livre dérangeant et attachant, qui fouille profondément dans les relations et les existences humaines, mais qui laisse un arrière-goût amer.

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