Editions Gallimard
Lu par Stéphane
Telle est la structure de ce roman qui reprend, sans snobisme aucun bien évidemment, le découpage cher aux dramaturges de la Grèce antique : prologue, parodos, épisodes et stasimons, puis exode. Ca claque plus que chapitres, convenons-en. Et ce vernis était sans doute nécessaire pour rappeler à des esprits peu avertis la parenté de La communauté universelle avec le théâtre du pays où naquit la démocratie et la banqueroute de la zone euro. Quoi de commun entre Eugène Green et Euripide ? Eh bien au moins cet attachement forcené (et désormais si bêtement désuet) au stasimon.
Tragiques également…
… l’exposition, expédiée en quelques tirades qui sonnent si faux que c’en est douloureux
… les dialogues, plus largement, dont le schéma type est le suivant : salut ça va ? / Super. / Attends je te raconte un truc sur 25 lignes en rapport avec la religion : (truc sur 25 lignes en rapport avec la religion) / Ah ouais ok je savais pas ci-mer gros. On se voit demain ? / Oui cool à demain.
… les invraisemblances de l’intrigue. La femme du Dr Epinose le quitte et part à Londres chez sa grande-tante, où travaille un dénommé Ronas, mi-serviteur mi-jardinier. Le Dr Epinose part sur les traces de son épouse et, dans les rues de cette si petite bourgade qu’est London, avec qui fraternise-t-il ? Ronas of course. Un vrai coup de luck, man !
Tragiques enfin…
… l’écriture, qui est, à son mieux, d’une platitude totale, le reste du temps gênante
… le délire religieux qui sous-tend le texte et trouve son apogée dans la phrase finale, qui je m’apprête à vous livrer, car elle est superbe, et car vous ne lirez pas ce roman. La femme du Dr Epinose lui apprend qu’elle est enceinte : « Ô Emile ! Enfin je porte en moi le corps de Dieu. »
Nooooooooooooooooooooooonnnnnnnnnnnnnn !
En bref, une vraie découverte.
Pour une autre découverte dans le même registre tragique, reportez-vous à :
Chui pas sûr que, nonobstant leurs indubitables qualités de mélomanes méticuleux et de paroliers inventifs, les joyeux drilles de Tragédie aient pleinement intégré la structure narrative décrite plus haut. « Oh yeah yeah Ouh Ouh ouh » peut sans doute se rapprocher d’un prologue, mais où sont donc passés parodos et stasimon ?
Après réécoute (oui, oui, on ne s’en lasse pas), la priorité doit sans doute être de leur enseigner l’exode.
« Je sais ce que je vaux, je mâche pas mots / Si tu veux un jour un clash, je suis ready », te répondraient, cher Euripide, tes deux dignes héritiers de Tragédie, dans cet autre titre d’anthologie : Je reste ghetto
Vous êtes méchant mais drôle, vous me faites penser à un instituteur de la IIIeme République.
Très très beau livre.
Bien sur, il faut savoir laisser de côté sa culture pour se laisser envahir par ces chants qui habitent constamment cette histoire…
Merci Monsieur Green.
Lazare