Editions Gallimard
Lu par Julien
La lecture est une course de fond. Après quelques jours affalé sur le sable avec des romans qui font plouf et des journaux qui font pschiiiiit, me voici de retour dans le vrai monde, celui de la littérature avec un grand L. Affûté comme un gaillard. Il est onze heures, Roubaix s’endort et moi j’ouvre « Où en est la nuit », de Serge Hatzfeld. Ou l’histoire d’un grand reporter familier des scènes de guerre (jamais dans son bureau, jamais au téléphone, écrivant un « papier » tous les trois semaines, la vrai vie d’un journaliste, quoi) toujours entre la Corne de l’Afrique et les montagnes afghanes.
Au détour d’un reportage « embedded », ce Rouletabille moderne se prend soudain d’affection pour un marathonien éthiopien, Ayanleh Makeda. Un brave champion, consciencieux et victorieux, pris dans une sombre affaire de « doping » qui l’amène jusque dans des tranchées aux confins de l’Ethiopie et de la Somalie. La guerre… Ce n’est pas vraiment sa faute, on ne sait pas pourquoi ils ont des tranchées et pas de gaz moutarde là-bas, mais à la limite, peu importe. Ce qui compte pour Serge, ce sont les descriptions de paysages… et les chameaux – ou les dromadaires, je ne sais plus, c’est en Afrique pas en Asie, ils n’ont qu’une seule corne là-bas, non ?-. Une bosse par-ci, un troupeau par-là : au bout de cent pages, le lecteur colporte la ferme impression d’être assis sur sa selle au milieu des dunes, dans l’attente fébrile d’un mirage lui amenant bras dessus-bras dessous Aladin, le capitaine Haddock et même Rango, soyons fou.
Bref, c’est assez bucolique, écrit et planant, mais ça laisse quand même sur sa faim (sans mauvais jeu de mot sur le problème de la malnutrition dans ces contrées, mauvais esprits). Alors, où en est la nuit ? Bah là il est une heure, je sais, je regarde mon réveil tous les six minutes, et je vais me coucher. Et puis, comme dit ma copine, « ça se sent trop que le journaliste veut se taper la femme du coureur, et ça c’est pas beau ».
Ah zut, j’ai tant aimé ce livre!