De l’égarement à travers les livres, d’Eric Poindron

8 Oct

Editions du Castor Astral

Lu par François H-L

Rasoir bibliopathonomade

Eric POINDRON est sans doute un véritable amoureux des lettres et des livres mais il propose avec De l’égarement à travers les livres une œuvre trop bizarre et inclassable pour être honnête.

Vertige virilo : un auteur-narrateur-lecteur-éditeur-justicier

Un bibliopathonomade rémois (comprenez un amateur de livres qui s’y perd littéralement) est approché par une mystérieuse société secrète, le Cénacle troglodyte, qui consciente de ses dons entend lui confier la mission de résoudre des énigmes littéraires. Voici notre narrateur embarqué dans une quête littéraire qui le conduira à s’intéresser à Lewis Carroll, à Voltaire et à des auteurs mal connus qui ont pour point commun de placer le mal et le diable au cœur de leur narration.

Ne vous attendez toutefois pas à une enquête construite àla DaVinciCode, cet ouvrage ne mène nulle part et on le referme en se posant cette douloureuse question : « Mais pourquoi en fait ? ». Edifié comme une énigme, instruit et érudit, le récit ne suscite qu’un ennui respectueux.

Un "cénacle troglodyte", édité par "le castor astral", foutage de moustache ?

Certes on apprend des choses, certes on se dit que le Diable était déjà au XIXème siècle quelqu’un de très moyennement fréquentable mais le roman (ou plutôt l’essai tant son auteur s’amuse à brouiller les repères du lecteur entre réel et imaginaire, fiction et témoignage) ne convainc jamais.

La plume est pourtant alerte et malicieuse, renseignée et intrigante. Le style est bien là, nourri de références… mais on ne crée pas le désir et le halètement en construisant un roman aussi tarabiscoté que son intrigue… Une véritable énigme littéraire qui donne furieusement envie de crier « Dan Brown, reviens, ils sont devenus fous ! »

17 Réponses vers “De l’égarement à travers les livres, d’Eric Poindron”

  1. Eric Poindron 8 octobre 2011 à 18 h 57 min #

    Je ne l’ai pas lu mais j’ai pris un grand plaisir à l’écrire. Et vous saurez – presque – tout dans la suit à paraître en février. « Crois » de bois, « crois » de fer…

    Eric Poindron

    P.S. Et j’ai adoré votre article ; et c’est sincère.

    http://curiosaetc.wordpress.com/

  2. belsha 8 octobre 2011 à 21 h 00 min #

    Voilà le genre de critique qui me laisse perplexe!

    Car vous dites de ce roman qu’il est un « véritable énigme littéraire » ( mais quel éloge pus grand peut-on faire à un livre?).

    Et en plus vous écrivez que « La plume est pourtant alerte et malicieuse, renseignée et intrigante. »

    Mais pourtant vous concluez que le livre « ne convainc jamais »… Mais pourquoi donc? Aucun argument n’est donné, tous les arguments de cette critique, au contraire, donnent une furieuse envie de le lire! Etonnant, non?

    Vos appels à Dan Brown et votre nostalgie de « Da Vinci Code » suggère qu’avant d’écrire des critiques vous devriez peut-être vous enfermer pendant une quinzaine d’années à lire de la vraie littérature? Comment sérieusement aimer un livre aussi opportuniste, prévisible, cousu de fil blanc?

    Et je parle même pas de votre conclusion: « Une véritable énigme littéraire qui donne furieusement envie de crier « Dan Brown revient, ils sont devenus fous ! » »

    Le problème de Dan Brown, c’est justement que ses livres n’ont strictement rien d’une enigme, qu’il manque singulièrement de folie, tant ses romans sont calculés au millimètre près, tellement leur auteur est rationnel et raisonnable…

    Donc, j’ai compris, je cours vite achêter ce livre!

    S’il est effectivement mauvais, je posterais ici même une critique un peu plus convaincante….

    • Prix Virilo 10 octobre 2011 à 16 h 10 min #

      Bonjour Belsha.
      Nous vous remercions pour votre conseil d’enfermement. Nous avons déjà cloîtré François au pain sec, dans le cabinet noir. Cependant permettez moi d’apporter ces clarifications :
      Je ne crois pas qu’aucun juré du Prix Virilo considère Dan Brown comme étant « de la grande littérature contemporaine ». Ce qui est ici notre quête, souvent ingrate. Dan Brown est tout au plus un scénariste populaire efficace.

      Mais je pense que les arguments « contre » sont très clairement exprimés dans cette critique. Un bon roman a parfois besoin d’un bon scénario, ou au moins d’un bon projet littéraire, d’un propos, ce dont semble manquer cruellement ce livre, et que nous soulignons par nos incantations à Dan Brown, avec certes une ironie peu claire.

      Départissons nous des expressions « toutes faites », une « oeuvre inclassable » n’est pas nécessairement exceptionnellement bonne, et une énigme littéraire n’est pas spécialement une oeuvre de littérature, en tout cas c’est ce que je pense. L’érudition et le style peuvent parfois tourner à vide. C’est même un onanisme culturel d’auteur qui peut s’avérer frustrant pour le lecteur. Et n’offre qu’un « ennui respectueux », ce qui n’était certainement pas l’intention de l’auteur. Voilà pourquoi cet objet n’atteint, pour nous, pas son but malgré un certain talent. De même qu’une captatio benevolentiae n’a pas pour vocation de durer péniblement tout un livre.
      Ceci étant dit, nous lirons avec plaisir votre critique, qu’elle suive ou non notre sentiment.

      Philippe

      • belsha 12 octobre 2011 à 20 h 39 min #

        Merci d’apporter des précisions que justement la critique en question n’apporte jamais. Vous parlez d’une « érudtion et d’un style qui tourne à vide », « d’onanisme culturel », des clichés généralistes certes (« expressions toutes faites ») , mais quand-même plus parlants que le « ne convainc jamais », « ennui respectueux », ‘ouvrage qui ne mène nulle part » de l’auteur de la critique.

        A aucun moment il ne discute l’intrigue, les thèmes de l’ouvrage, sa construction, ses métaphores, ses thèses ni même ses personnages ou son style.Il nous dit que ce livre est « trop bizarre pour être honnête », mais jamais il nous dit pourquoi et comment cette bizarrerie parait artificielle ou mensongère. Ses éloges complaisants sur « la plume pourtant alerte et malicieuse, renseignée et intrigante font penser à une bon élève de collège à qui on aurait appris qu’il faut nuancer toute critique par quelques remarques « constructives ». Or, on tombe ici en plein paradoxe: comment, en effet, pourrait-on écrire un ouvrage sans intérêt, une histoire qui mène nulle part, etc, etc, avec une « plume alerte et intrigante », comme si on pouvait séparer la forme du fond, comme si on pouvait raconter une histoire ennuyeuse de manière passionnante!

        Ce qui reste, c’est votre remarque: le livre s’avère « frustrant » pour le lecteur… comme si un auteur était un prestataire de service qui aurait comme devoir de satisfaire les envies de son client, le lecteur. Désolé, mais certaines des plus grandes oeuvres de la littérature mondiale sont des livres éminnement frustrants, horriblement, desesperemment frustrants même !… et c’est là tout leur intérêt! Que diriez vous d’autre de « Finnegans Wake », voire de « L’homme sans qualités », ou même le « Don Quixote » ou de « Grandes Sertões: Veredas » de Guimarães Rosa (« Diadorim » en français), voire de « Moby Dick »!!! Je ne prétends que « l’égarement à travers les livres » soit un tel chef d’oeuvre, et à vrai dire j’en doute fort! Mais ce qui est certain, ce que votre critique ne le démontre pas, loin de là: à l’état actuel de choses, c’est la critique qui ne « convainc pas », et non pas le livre!

  3. Lucie 11 octobre 2011 à 21 h 34 min #

    Personnellement la simple évocation de l’intrigue suffit à me faire comprendre le type d’ouvrage dont il est question. Qu’il soit « érudit » ou non ne change rien à l’affaire : les romans à sociétés secrètes, il en paraît treize à la douzaine, qui espèrent tous secrètement surfer sur la vague nommée Dan Brown.

    Dès lors cette comparaison me semble justifiée. Comme l’est mon envie de ne pas m’intéresser à ce livre. La vie est trop courte.

    • Antoine Barral 12 octobre 2011 à 20 h 00 min #

      Vous faites erreur, Lucie, je déteste les Danbrowneries, mais j’ai lu « De l’égarement… » et je vous assure qu’on est à mille lieu de ce genre.

      La comparaison est même insultante ! On ne surfe pas du tout sur cette vague !

      C’est un petit bouquin tout en finesse et en érudition souriante !

      Jugez donc par vous même !

  4. Eric Poindron 12 octobre 2011 à 18 h 21 min #

    Chers amis à moustache(s),

    Merci pour cette critique amusante qui donne, je crois, envie de lire ce livre que je n’ai pas lu mais que j’ai pris plaisir à écrire.

    Toutefois, en effet, écrire c’est être beau joueur. Aussi, une mauvaise critique contre trente excellentes, ça me convient tout à fait. Ce que du reste vous vous pourrez constater ici : http://curiosaetc.wordpress.com/category/m-«-de-legarement-a-travers-les-livres-»/

    Quelques avis en passant de confrères qui ont dû mal lire :

    « Un livre d’une délicieuse érudition » Dominique Gaultier, fondateur des éditions Le Dilettante

    « Heureux lecteur qui bientôt plongera dans les pages de ce livre, objet littéraire non identifié !
    Quand un « fou » de littérature nous parle de fous littéraires, mêlant avec subtilité érudition et ironie, on ne peut que savourer ces pages hantées de personnages réels ou de fiction, aux marges toujours.
    Un exquis cabinet de curiosités ! » Anne Ghisoli, directrice de la librairie Gallimard, Paris.

    Partez découvrir les mystères de la littérature dans ce livre inclassable et troublant ! Florian Vigneron, Virgin Megastore.

    « Je me régale en plein égarement à travers les livres ! » Eric Faye (lauréat du Grand Prix du roman de l’Académie française)

    Il y aurait sûrement beaucoup à dire encore de ce livre qui paraît inépuisable et que le lecteur bibliophile rangera volontiers, dans sa bibliothèque mentale, près de La cité des livres qui rêvent du truculent Walter Moers, Des bibliothèques pleines de fantômes de l’érudit Jacques Bonnet, de L’amateur de livres de l’inestimable Nodier, non loin de Borges et des albums de Frédéric Clément…On se contentera simplement de vous inviter à le lire, dans les plus brefs délais, et à vous perdre dans ses délicieux méandres.
    Julie Proust Tanguy, Le Magazine des livres

    « Eric Poindron et son opus sur la folie de lire… Magique ! » Olivier Pascault

    « L’objet en lui-même est beau : papier agréable, jolie couverture. Le pitch est tout à fait en adéquation avec ce livre. Une petite merveille, passionnante, bien écrite mais à conseiller à des lecteurs forts de solides références littéraires. Livre découvert grâce à une chronique d’une libraire de « pages et plume » (Limoges) sur France Info ». Une lectrice.

    Oui, ce livre qui n’est pas plus un roman, qu’un essai, qu’un recueil de nouvelles ne mène nulle part et alors ? C’est mon droit d’emmener ou non. Et comme la fin est ouverte, la suite est à paraître, encore plus inclassable. Quand je vous dis que je m’amuse à écrire…

    Pour Lucie, en effet, qu’elle ne me lise pas, je crois que ça la dépasserait. Je tiens seulement à lui dire – et à vous aussi chers moustachus – que ce livre fut écrit avant le vil objet de Dan Brown et que je fais écho au « Cénacle troglodyte », la dite société secrète, dans un livre paru en 1999. Donc, le copieur, c’est l’autre l’américain. Donc, non Lucie, vous ne pouvez pas comprendre un type d’ouvrage à sa seule évocation et c’est ainsi, et ce sera toujours ainsi.

    Pour le reste mes bon amis, je crois en effet votre critique – qui n’en est pas tout à fait une – peut continuer à attirer les curieux lecteurs curieux.

    Aussi je vous en remercie et vous dis à tout bientôt.

    En complicité.

    Eric Poindron, moustachu et plus.

    http://curiosaetc.wordpress.com/

  5. François Denivet 12 octobre 2011 à 19 h 26 min #

    Bonjour,
    Vous faites bien de critiquer ce livre. Trop d’éloges feraient rougir son auteur, et il en a récolté déjà beaucoup. A la lecture de votre critique, je me demande si vous ne vous êtes pas vous-même égaré, car le livre ne raconte pas une enquête menée par un détective menacé de mille dangers, même si le héros narrateur devient détective « littéraire ».
    Le rapport avec le Da Vinci Code me semble bien lointain pour ne pas dire inexistant.
    Il s’agit davantage d’une déambulation dans un monde littéraire qui mène le lecteur (par le nez ?) à se questionner sur sa propre crédulité, dans l’incapacité qu’il est à démêler le vrai du faux. L’auteur nous convie à une flânerie conduisant à l’égarement. En pénétrant dans ce livre on ressent la même joie légèrement teintée de frayeur et de circonspection que celle éprouvée après avoir parcouru quelques pas dans un labyrinthe, finalement on s’interroge sur soi-même face à l’étrange et au mystère.
    Et on se prend à rêver qu’existe réellement ce Cénacle troglodyte, avec cette bibliothèque merveilleuse, et pourquoi pas que les histoires de fous littéraires qu’Eric Poindron nous sert ne sont pas si folles.

    • Prix Virilo 12 octobre 2011 à 19 h 37 min #

      Merci beaucoup pour cette réponse.
      Ce livre n’a en effet aucun rapport avec Dan Brown, ni même Umberto Eco si on souhaite élever le débat (le pendule de Foucault).
      Mais ce n’est pas ce que nous disions dans cette critique ma foi bien mal comprise. L’allusion au da vinci code était ironique et tenait simplement à signifier un certain manque. Nous disions simplement que cette flânerie érudite ne nous a pas transportés, qu’elle nous a moins égarés ou perdus que lassés. Mais nous admettons bien volontiers que ce livre ait plu. Et nos félicitations pour votre critique.

    • Antoine Barral 12 octobre 2011 à 20 h 01 min #

      Voilà qui est fort bien dit ! 🙂

      • Antoine Barral 12 octobre 2011 à 21 h 16 min #

        Le compliment s’adressait à François Denivet…

  6. lecteur sans pudeur 13 octobre 2011 à 12 h 44 min #

    moi j’aime bien Dan Brown…

  7. Anne B 13 octobre 2011 à 17 h 43 min #

    C’est sur l’écran lumineux de mon ordinateur, en tapotant sur les touches silencieuses qu’il me vient l’envie à moi aussi de rendre compte de cette ode des fantômes, de cette danse avec les farfadets qui nous entraîne presque silencieusement dans les couloirs clairs-obscurs de cerveaux illuminés et étrangement vivants dans leurs « égarements à travers les livres ». Le numérique nous prive de l’aspect esthétique de ces grandes feuilles de papier que mon imagination se permet de voler, d’inventer au fil des relectures. J’y vois des signes typographiques surchargés d’ajouts rédigés à la plume, annonçant tous ces héros bien vivants qui hantent des pages jaunies déplaçant le mystère, la folie, le doute , la certitude et la rêverie dans des lieux insensés. Des manoirs vrais, des châteaux faux qui s’élancent « au pays des merveilles », et se cachent dans les tiroirs magiques de l’univers mental de l’écrivain et de celui du lecteur. Les couloirs tapissés d’arcanes que nous traversons, ressuscitent les inconnus célèbres d’un autre temps, on les devine, on les sent, ils approchent…chut ! Ils font du bruit, ils respirent… La curiosité de l’enquêteur étreint la sensibilité du rêveur. Ton livre, Èric est un étrange et beau corps à corps avec le temps, une illusion vraie, un chuchotement de l’ailleurs, un être dont les paroles muettes deviennent des appels, des acteurs farfelus qui occupent la scène des bibliothèques perdues. Des pierres sortent des vies, des pierres sortent des livres.
    Bonne lecture à ceux qui marchent en rêvant, qui rêvent en marchant, à ceux qui aiment le mystère, à ceux que le mystère aime.

    • Stéph L. 13 octobre 2011 à 17 h 51 min #

      Et bon courage à eux, ils en auront besoin !

  8. Arnaud D. 14 octobre 2011 à 20 h 25 min #

    J’ai moi aussi malheureusement lu ce livre, qui est vraiment sans intérêt.
    J’aime bien ce que font les éditions du Castor Astral, habituellement. Mais là, c’est affligeant (un éditeur fait un mauvais livre par an, c’est tombé sur celui-là).

    Alors pourquoi ce livre d’un certain Eric Poindron est mauvais? Eh bien parce que c’est bavard, (un peu) érudit, (très) prétentieux, sans intérêt… Mais surtout parce que c’est mal écrit! Un style ampoulé, qui se veut savant, avec une intrigue qui n’en ai pas une.

    Bref, un de ces bouquins dont on n’a pas entendu parler… et pour cause!

  9. Eric Poindron 15 octobre 2011 à 0 h 01 min #

    Cher Arnaud,

    Tant de fleurs, c’est un honneur…

    Eric Poindron

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