Éditions Grasset
Lu par Claire
Coup de déprime de la rentrée, épisode 2. Lecture déconseillée au public suivant :
– Ceux qui s’allongent sur le divan depuis 15 ans pour amasser tous les maux de la terre sur le dos de leurs parents.
– Ceux qui font des recherches quotidiennes sur wikipedia pour s’assurer que non, ils n’ont toujours pas évacué un complexe d’Œdipe sacrément persistant.
– Les phobiques de la seringue, des cachetons en tout genre, de la fumette à toute heure et de la masturbation mal placée.
– Les grands sensibles qui trouvent que vraiment, la pédophilie c’est mal.
– Les allergiques au name dropping.
– Les liquidateurs de la Nouvelle Vague, de mai 68, de Mitterrand, de Porquerolles, du sandwich triangle sur l’autoroute, de Saint-Germain des Prés, de la tour Beaugrenelle, des tatouages de la Vierge, des enregistreurs-cassette, des photographes égocentriques, du monde de l’édition, des poitrines plates, de la perte de la virginité, de l’overdose, des sectes, des abus sexuels, du coca light et des ongles rongés.
Pour les autres, explication de texte. Denise, 22 ans, vierge, mal fagotée, maigrelette et renfermée, décide de mener une enquête sur le passé de son père adoré, Patrice Maisse, star de cinéma éphémère et homosexuel qui n’aura couché que deux fois dans sa vie avec une femme, Matilda, la mère de Denise. Deux coïts pour deux enfants, Denise et son frère Klein (oui, en hommage au peintre, of course darling). Le premier « patriarche », c’est donc lui. La tenace Denise tient absolument à savoir où son père a disparu quelques mois en 1985. Pas de bol, ses interlocuteurs ne tiennent apparemment pas à ressasser ce qui paraît être un mauvais souvenir. Fin de la première partie : Denise meurt d’overdose au pied de la tombe de son père. Zut, fallait pas le dire ? Pardon.
Deuxième partie : où il est question du deuxième « patriarche ». Le Patriarche, c’est le nom d’un centre alternatif de désintoxication où Patrice Maisse atterrit cette fameuse année 1985. En pleine dérive sectaire, le centre exploite des patients qui ressemblent plus à des détenus, abus sexuels, mauvais traitements et tisanes d’orties en guise de traitement forment le quotidien de cette brave institution. La petite Denise, alors en visite avec sa mère, tombe sur un animateur bedonnant qui aime un peu trop les petites filles. Cqfd.
Si on ne peut pas dire que ce roman soit mal écrit, il souffre d’un mal bien plus préoccupant, l’attrait pour le monologue prétentieux qui noie le lecteur dans un amas de mots dont ne ressort qu’un léger écœurement pour le glauque de l’ambiance et des sujets choisis.
Je vous adore, vous êtes géniaux. De jeunes et frais critiques qui prennent de telles initiatives pour défendre les JP Enthoven « Il y a de l’humour dans ce texte, de l’entrain, une certaine forme de cynisme rafraichissant. Grâce à une écriture vive et impertinente mais très travaillée » et descendre les ABerest « Si on ne peut pas dire que ce roman soit mal écrit, il souffre d’un mal bien plus préoccupant ».
Vive le prix VIRILO !!!! J’espère bien devenir membre.
Et sinon, vous pourriez nous balancer la fin du Bellanger, histoire de bien le pourrir lui aussi !
AHAHAHAHA ! Je vous adore.
Michel.
Décèlerait-on un soupçon d’ironie dans cette remarque ?
Merci en tout cas, Michel, de faire avancer le débat avec humour.
Votre point de vue, dénué de toute condescendance, nous a beaucoup éclairé et nous allons très certainement réviser notre jugement de ce pas.
Grâce à vos brillants et nombreux arguments, c’est toute une nouvelle conception de la littérature qui se profile, toute une échelle de valeurs à réviser…
Quel privilège vous nous avez fait là !
Nous aussi, nous vous aimons tendrement.
Stéphane, pour le Prix Virilo.
Je suis en train de le lire; je le trouve foisonnant, pour le meilleur et pour le moins bon (il faut s’y retrouver avec tous ces personnages), avec quelques anecdotes d’un surréalisme étonnant là-dedans; je vais réfléchir à ce que l’auteur a voulu dire par là.