Éditions Seuil
Lu par Claire
Un titre dont la sonorité rappelle celui d’un certain Gabriel Garcia Marquez métissé d’épidémies moyenâgeuses que les hypocondriaques et autres hygiénistes préfèrent oublier. Peste soit du bubon.
Ce Peste et Choléra là s’attache à retracer le parcours fantasque et génial d’un savant fou injustement oublié, Yersin, collaborateur de Louis Pasteur lui-même et heureux découvreur du bacille de la peste.
Patrick Deville, après Kampuchéa, s’amuse à détailler avec la minutie et l’humour d’un joli style bien à lui -enchevêtrement quasi poétique de phrases courtes pour ne pas dire lapidaires- la vie et l’œuvre de ce barbu aux yeux bleus qui traverse les siècles de 1863 à 1943. Amis des plus grands et misanthrope sympathique, Yersin le visionnaire sans ambition a choisi une baie perdue du Vietnam pour des recherches éclectiques allant de la reproduction des poules à la production de pneus.
« Parce qu’il aime les oeufs, parce qu’il aime sa sœur, Yersin voudrait savoir comment avec du jaune et du blanc d’œuf on obtient un bec, des plumes, des pattes, bientôt dans l’assiette l’aile ou la cuisse et parfois des frites. » En science, il n’y a pas de mauvaise question.
Patrick Deville parvient à produire un roman de vulgarisation scientifique mêlée de légende d’explorateurs d’un autre temps dont l’écriture et l’érudition font mouche. Un roman presque trop intelligent, d’ailleurs, dont la densité à force de détails finit par tiédir l’enthousiasme, ratant de justesse les mythiques cinq moustaches que peu osent encore fantasmer.
« Yersin est trop vieux dans un monde qui n’est plus le sien. Le dernier collaborateur de Pasteur encore en vie. Il n’écrira pas ses mémoires. Ce livre ne lui plairait pas. De quoi je me mêle. »
Votre commentaire