Le Condottière, de Georges Perec

9 Oct

Jeu de moustache

Seuil

Lu par Paul

Au Virilo, on aime soutenir les petits jeunes qui débutent, surtout quand leur premier roman vient enfin d’être publié et qu’on le trouve pas trop mal. C’est le cas de ce Condottière qui ma foi laisse augurer pour son auteur d’une jolie carrière dans le monde des lettres. 

Pour quelques dollars de plus

Gaspard Winckler, peintre de génie et faussaire professionnel, est au bout du rouleau. D’ailleurs il assassine son patron dès la première page. Le lecteur se croit embarqué dans une sorte de polar helvétique, avec des chefs d’oeuvre de la Renaissance – copiés ou non – en toile(s) de fond. Que les fans de Columbo passent toutefois leur chemin, car ce Condottière n’a rien d’une enquête criminelle. Cet assassinat n’est pour le narrateur qu’un prétexte pour faire un petit point sur sa vie, son oeuvre.

De l’art ou du cochon ?

Du peintre italien Antonello de Messine (1430-1479), Winckler n’ignore pas grand chose. Il a tout lu de lui, il connaît toutes ses inspirations, maîtrise toutes ses techniques et sait parfaitement les reproduire. Comme lui on en vient à se demander où se situe la frontière qui sépare dès lors le maître de l’élève, le copieur du copié, mais en l’occurrence, ce questionnement prend un tour un peu plus dramatique pour Winckler que pour nous. 

Marie-José-Georges-Pérec : Du neuf avec du vieux

Refusé par les éditions du Seuil en 1958, qui le publient finalement en 2012, Le Condottière autorise au juré moyen une petite escapade au beau milieu de la rentrée littéraire. On renoue dans ces pages avec un rythme et une atmosphère qui semblent avoir disparu des romans contemporains, qu’il faille ou non le regretter. Le premier refus du Seuil aurait, paraît-il, été motivé par plusieurs tournures et jeux de mots jugés déplacés, comme par exemple « un bon Titien vaut mieux que deux Ribera« .

Pardonnons donc au Seuil d’avoir congédié Georges Perec pour ses jeux de mots. D’abord parce qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, comme le prouve cette édition tardive du Condottière, ensuite parce que cette grande maison contribue désormais régulièrement, et avec un enthousiasme jamais démenti, au côté LOL de la rentrée littéraire française.

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