Editions Gallimard
Lu par Paul
Il est difficile de ne pas entrer du bon pied dans cet ouvrage dont l’auteur assume dès l’avant-propos le caractère foutraque de « roman omnibus », entre le récit historique, le conte slave et la biographie imaginaire. « Le romancier n’a de comptes à rendre à personne, sauf à Cervantès », un mot de Kundera qu’il met en exergue et que nous devrions plus souvent rappeler aux apôtres de l’autofiction et des récits visant à l’édification du lecteur. Ici nulle prétention de ce genre et il faut reconnaître que ça soulage.
Ce que Vélibor Čolić met en scène au travers de l’épisode de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, c’est l’Orient compliqué, l’Europe difficile, et les Balkans coincés entre les deux. Les personnages s’insultent en turc ou en bosniaque, prient en slovène, complotent en hongrois, obéissent en allemand… Le lecteur s’égare rapidement – mais avec un certain plaisir – dans cette cacophonie poétique, sans chronologie (ni même d’ailleurs sans logique tout court).
Et au fil des pages, le juré du Virilo se découvre une âme de Slave du Sud, les superstitions des Balkans ayant souvent à voir avec le poil :
– « L’homme savait que les seins de la serveuse avaient des moustaches, et que c’était très mauvais signe » (p. 144)
– « Il se rasa la moustache – un geste anodin qui allait rapidement s’avérer fatal » (p. 169)
Nous retiendrons donc cette dernière mise en garde en attendant que Velibor Čolić revisite les contes et légendes de sa nouvelle terre d’adoption, la Bretagne du Sud.
Votre commentaire