Cette année, la dotation de 11 euros du prix Virilo n’ira à personne. Les jurés ont décidé lors des votes des finalistes de FAIRE LA GRÈVE.
En cause, une rentrée littéraire dominée par des livres médiocres (Zemmour, Trierweiler) ou peu enthousiasmants, pas beaucoup de passion et encore moins de fesses. Pourtant nous avions nourri quelques espoirs : le Goncourt promettait avoir changé : «on lit et on débat pour de vrai » disaient-ils fièrement. Et puis voilà, Foenkinos est finaliste…
Faut qu’ça change ! « Au moins avec la grève, on mangera de la saucisse ». S’arrogeant le droit de tempêter au nom du peuple déçu, le Prix Virilo donne la parole aux éternels muets de la littérature : les lecteurs.
Dix revendications pour les prochaines rentrées littéraires :
1 – On exige la libération immédiate des trois bons écrivains encore retenus en otage chez Grasset : Sorj Chalandon, Amin Maalouf, sans oublier Sorj Chalandon
2 – On exige plus d’images dans les livres. Au moins dans les mauvais
3 – On exige que les livres craquent les coutures de leur format (sons / vidéos / interaction). Le cinéma n’a pas cessé d’être cinéma en passant à la couleur
4- On demande à Eric Zemmour d’arrêter d’écrire des phrases comme celle-ci pour obtenir le Prix Trop Virilo : L’objectif n’est plus : ‘Tu seras un homme mon fils !’, mais plutôt : ‘Tu seras une femme, mon fils !’. Eric, ON NE TE DONNERA PAS CE PRIX. Alors arrête, tu vois bien que derrière tu crées des polémiques qui te dépassent
5- A l’instar des rouleaux de carton, on souhaite des livres dissolubles dans les toilettes pour leur donner, sinon une deuxième vie, une fin utile
6- On demande gentiment à Chevillard de publier au moins un roman par an
7- On exige que les couvertures des livres des grandes maisons d’édition soient variées, et qu’ils cessent de cacher leur pingrerie et leur immobilisme derrière une quelconque tradition
8- On souhaite le bannissement des photos d’écrivains avec la mine rêveuse, la main au menton
9- On exige, non, on demande… OK, on supplie d’arrêter avec l’autofiction
10 – Du Kindle au Kinder : On aimerait bien un petit jouet en plastique à monter, en lien avec le thème du bouquin. Les livres de plus de 500 pages pourraient être assortis d’une petite flasque d’alcool à déguster. Il faut bien du courage, parfois
Nous sommes à votre disposition pour papoter autour du brasero de l’insoumission littéraire. Bonne lecture à tous !
Bravo !
Ah merci, c’est rassurant de voir que nous ne sommes pas les seuls :)! http://gaeletemmalibraires.wordpress.com/2014/11/03/et-parce-que-nous-sommes-pour-la-parite/
Nous aussi, on a eu du mal : http://gaeletemmalibraires.wordpress.com/2014/08/22/la-rentree-litteraire-francaise-ou-comment-remedier-a-ses-insomnies/
les amis ; on en parle ici, et comme VOUS AVEZ BIEN FAIT !!
🙂
http://salon-litteraire.com/fr/prix-litteraires/review/1908436-prix-virilo-2014-decerne-a
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La dotation de l’an prochain sera-t-elle portée à 22 euros telle une super cagnotte de la Francaise des Jeux ?
Excellente idée, pour susciter, encore plus, la convoitise des écrivains
C’est potache, on sourit – et puis on se rend compte que finalement, vous faites encore un peu plus de place à Zemmour et Trierweiler, en les citant, et un peu plus de place au déclinisme en laissant croire qu’en l’absence de Chevillard, il n’y avait cette année rien à se mettre sous la dent. Votre anticonformisme blagueur tombe le masque et s’avère un conformisme. Tant pis pour vos lecteurs qui ne (re)découvriront pas Patrick Deville, Olivia Rosenthal, Kamel Daoud, Emmanuel Ruben, Dalibor Frioux,…
Bonjour Matthias,
Pour ce qui est de faire de la place à Zemmour et Trierweiler, bon, disons que notre goutte d’eau ne change pas grand’ chose. Mais vous faites là le procès de toutes les critiques négatives : elles ont les limites de parler du sujet qui les agace. Dans le fond je vous rejoins : moi par exemple, j’ai toujours trouvé que le procès de Nuremberg avait fait un peu trop de pub au nazisme.
J’imagine que vous apprécierez ce dernier point Godwin car vous semblez vite monter sur vos grand chevaux : « Déclinisme », carrément ? Nous sommes donc d’affreux conformistes cachés et servons le grand capital de l’édition ? J’ai le sentiment que votre commentaire nous (et se) prend un peu trop au sérieux.
Le fait de placer que « Hors Chevillard, rien » est simplement une sorte de running gag, filé depuis maintenant 6 ans dans nos critiques et communiqués, parce que le président ne jure que par cet auteur, au point d’en dégoûter les autres jurés, ce qui est cocasse.
Pour le reste, ce qui aurait été « conformiste », c’est de s’interdire de dire que cette rentrée littéraire est faible et ennuyeuse dans son ensemble, et de rendre un prix comme d’hab’, comme les autres. Surtout quand l’ennui est reconnu en off par bon nombres de professionnels du secteur. Vous citez des auteurs que vous trouvez formidables. Je suis d’accord avec vous. Nous avons lu leur livre cette année (quoique pour Ruben j’ai un doute) et nous n’avons pas trouvé que leurs œuvres méritaient un prix. Cela ne veut pas dire qu’ils sont condamnés à n’écrire que de la daube. Juste que ça ne vaut pas le Prix Virilo car ils n’ont pas su créer un réel enthousiasme de la majorité des jurés.
Croyez bien que personnellement, j’aurais largement préféré remettre un prix cette année : je me doutais que nous aurions très peu de résonance médiatique. Et ne pas rendre de prix a été vécu comme un échec : on ne se tape pas toute une rentrée littéraire pour le plaisir… ça fait chier mais c’est comme ça.
Enfin, « nos lecteurs » n’ont pas besoin de nous pour se forger une opinion en prenant différents avis. Ils sont grands vous savez, et je pense que oui, ils ouvriront tout de même le livre de Deville en librairie
Si vous voulez, on peut en parler autour d’une choucroute.
Philippe
Sans faire l’apologie du prix Virilo (on va croire que j’ai des actions, hein!) je crois que ce geste de non remise de prix peut être considéré comme un symbole. Parce qu’en tant que libraires, nous avons beaucoup galéré sur la rentrée française cette année. Je ne dis pas que tout est nul, il y a eu quelques belles exceptions en ce qui nous concerne, mais, globalement, c’est une rentrée pauvre en terme de découvertes, de style, d’émotion. Et ce qui est le plus rageant c’est que finalement, assez peu de médias en ont parlé. Des critiques assez hallucinantes pour le dernier Foenkinos (merci aux Inrock, au passage, pour leur critique un peu plus constructive), de l’autofiction à ne plus savoir qu’en faire, le jury du Goncourt qui dit vouloir faire un prix « accessible » au grand public (ou peut-être plus facile à vendre?)…Ca va être quoi l’année prochaine? Musso? Oui je sais, c’est mesquin, c’est facile, mais c’est fatiguant de voir la pommade par-ci et la magouille par-là pour les prix.
Alors que les membres du jury du prix Virilo décident cette non remise de prix, bah, c’est peut-être con mais moi j’ai trouvé ça chouette comme geste.
Emma
Mmmmm ! quel bonheur !
enfin on se marre ! merci pour tout ! Je me sens mieux et moins seule !
Le Prix Virilo sera-t-il de retour cette année?
Fidèle au poste !