Lu par Philippe

Deux moustaches de poète poilu
« Si je mourais là-bas sur le front de l’armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l’armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur … »
Voilà le début d’un poème d’Apollinaire, beau comme un cristal surnageant dans une boue.
Car, et c’est tout le sujet de ce livre, Apollinaire a été dans les tranchées en volontaire. Alors que ceux qui le pouvaient se planquaient, Apollinaire lisait le Mercure de France à la lueur des fusées éclairantes, les deux pieds bien plantés dans la merde des boyaux creusés par la guerre. Il en sortira d’un éclat d’obus à la tête, « un bel obus semblable aux mimosas en fleur » donc.
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Jerusalmy nous fait le décompte heure par heure du dernier jour avant la délicate rencontre entre l’éclat et le front du Lieutenant Kostro (Apollinaire). C’est l’occasion de refaire un coup de littérature de tranchées et de donner à voir « un poète dans la guerre ».
On est content que ce livre soit écrit par Raphael Jerusalmy, lui aussi massif, lui aussi très littéraire (ancien élève de normal sup’, écrivain, négociant en livres anciens), lui aussi vétéran de l’armée (israélienne)… Il y a là un jeu de miroirs qui promettait d’être passionnant pour éclairer le paradoxe du poète en arme : allier aspiration à l’universel et combat à mort de l’ennemi du jour.
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Fig. 1 : Gros Kostro et sa moustache (taille « romantique »)
Comme pour La Confrérie des chasseurs de livres, son précédent roman, c’est très bien documenté, ça part d’une très belle idée et on est tout excité livre en main. Et comme dans son précédent livre, on est vraiment très surpris de s’y ennuyer autant, malgré tout. Il y a quelque chose comme un manque de souffle, comme une ampleur que l’on attend pour gonfler les voiles des phrases et qui jamais ne vient. Un moment, de la poésie en prose, quelques belles images, ça commence à décoller et puis non. Ça retombe toujours. C’est assez surprenant.
Un peu comme moi et mon gâteau de la semaine dernière. Sauf que mon gâteau ne coûte pas 15 euros, ne m’a pas pris 5 heures de vie et ne parle pas d’un de mes poètes préférés, alors j’étais moins déçu.

De gauche à droite : poilu, poilu, barbier, poilu.
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