Lu par Bérénice

Monopoil
Fanny Chiarello est « sans conteste l’une des voix les plus singulières du jeune roman français », nous promet la quatrième de couverture. De plus, elle aussi surfe sur la vague beat generation, puisqu’est annoncé un « monde farfelu à la Brautigan ».
Premier chapitre : préciosité et anecdotes se mêlent à la vie d’une narratrice dépressive qui écrit un livre s’intitulant Le zeppelin. Une fois le point final écrit, au lieu d’aller à la fête d’anniversaire d’une amie, elle se pend à son balcon.
Le reste du livre : dans une ville appelée La Maison, des habitants et surtout une rue, la rue Canard-Bouée, dont la principale caractéristique est d’être un vortex où l’on perd les choses et les gens, le plus souvent, voire l’on s’en défait. Chapitre par chapitre, les habitants se racontent, l’espace d’une journée ponctuée par le passage d’un formidable zeppelin.
.

Juré perdant espoir
.
C’est un peu Independance Day, La guerre des Mondes et World Invasion : Battle Los Angeles, mais sans aucune action et moultement croisé avec Magnolia (un film long et prétentieux, ndlr). Chaque chapitre est prétexte à une expérimentation littéraire :
– Créer un débat linguistique entre personnage sur le sens des verbes « habiter » et « vivre » au moyen du toponyme de la ville;
– Un personnage qui additionne les cinquante premiers nombres premiers, ce qui est retranscrit fidèlement (« 2, 3, 5, 7, 11, 13 » etc.) puis qui additionne trois fois de suite les cent premiers nombres (« 1 + 2 + 3 », bref, vous avez compris) ;
– La liste de l’équipage du zeppelin, façon crédits (on s’attend à voir apparaître le stagiaire);
– Des extraits de journaux ;
– Mais aussi des phrases écrites comme
cela car
il se passe des choses dans la tête des
personnages et
que c’est bien difficile d’être
écrivain aujourd’hui
.
Finalement, ce qu’on retient de ce livre, c’est un gros ballon qui s’annonce de manière un peu faraude alors que l’ensemble est surfait. Fanny Chiarello est l’une des voix les plus singulières du jeune roman français : espérons qu’elle le reste.
.

Une rentrée littéraire tout feu tout flamme
.
.
Votre commentaire