En attendant Bojangles, d’Olivier Bourdeaut

26 Oct

Lu par… Beybey

Poil qui roule n’amasse pas moustache

 

RÉQUISITOIRE CONTRE L’ITALIQUE

Auteurs, auteures, ce plaidoyer vous est adressé. Je sais que le caractère italique a été inventé en 1500 (circa) par un imprimeur vénitien soucieux de l’impécuniosité des jeunes. Occupant moins de feuillets, et donc moins chers, les livres qu’il distribuait ont donc pu atteindre le marché estudiantin, dans une trajectoire efficiente aboutissant à un équilibre dynamique du marché du manuscrit.

Foin de l’économie aujourd’hui ! Vous utilisez l’italique de façon, laissez-moi vous le dire, maniérée. N’est pas Julien Gracq qui veut, et même lui en abusait parfois. Comme je ne doute pas que, tous, toutes, écrivez pour vous soumettre avec bravade à la critique virilesque, sachez que je déteste que l’on me montre avec de grosses ficelles quelque chose que j’aurais autrement compris. Ainsi, Olivier Bourdeaut alterne les chapitres à narration contemporaine et ceux antérieurs aux événements relatés. Olivier, fais-nous confiance. On aurait compris sans l’italique.

 

Passons.

 

Pourquoi ce livre est-t-il aimable ?

–          Il est sérieux mais ne se prend pas au sérieux ;

–         Il reflète assez bien l’ambiance des réunions Virilo en faisant fi du consommez avec modération (les gars, pour la prochaine, amenez de quoi faire des cocktails) ;

–         C’est un page-turner et parfois il faut savoir ne pas bouder son plaisir.

L’histoire est simple : un petit garçon contemple ses parents, au train de vie surprenant et à la descente impressionnante, faire de leur vie à tous les trois une féérie étonnante. Tout ceci est en grande partie dû à sa mère, d’abord doucement fantasque, puis de plus en plus en marge de la réalité. Ils boivent de l’alcool. Dans un grand appartement où les fêtes sont fréquentes, le rêve est de mise, un grand oiseau africain sert d’animal domestique, les prénoms changent tous les jours et la réalité est vraiment la chose la plus affreuse qui puisse survenir. Ils boivent de l’alcool. Un vrai château en Espagne les accueille pour des vacances décalées, l’école n’arrive pas à se plier aux exigences d’une vie hors convention et est donc laissée de côté et la musique joue sans cesse. Ils boivent de l’alcool. Entrelacés, quelques chapitres retracent l’histoire de la rencontre des parents, le père devenant narrateur à travers son journal intime. Ils boivent de l’alcool. Hélas, le fisc, le vilain fisc, celui qui fait faire des cauchemars vient réclamer le paiement des impôts. A-t-on idée de payer à hauteur de ses facultés contributives, plus les intérêts de retard, plus la majoration, lorsque la vie est une longue suite de plaisirs ? Assurément pas pour cette petite famille. Les ennuis commencent. La folie se corse. Autant boire de l’alcool.

Olivier Bourdeaut, sans réussir à surprendre totalement son lecteur, possède une réelle tendresse pour ses personnages. Ce duo père-fils qui agite des chimères pour que jamais la fête ne s’arrête est aussi fantasque que touchant.

On ne boude pas son plaisir, donc, mais (car il y a un mais) les ficelles sont parfois (trop) grosses, la psychologie de certains personnages (et il y en a peu) frustre et les gimmicks des fêtes et coups de folie moins imaginatifs à mesure que l’intrigue avance. Un bon livre, à offrir à votre grand-mère, vos cousins, vos relations de 12 à 70 ans, qui pourrait bien remplir la promesse de faire aimer lire ceux qui aiment moins les livres. Un livre toutefois empli de caractères italiques, aux ressorts exagérés et à la langue peu fouillée (les dialogues sonnent parfois forcés) : pas incroyable donc, mais on l’a lu jusqu’au bout sans exaspération et avec le sourire.

Rassurez-vous, il y a quand même toujours de l’alcool.

 

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Et la fête est plus folle

 

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