Lu par…David

Moustaches ascensionnelles
Voici un livre bavard, beaucoup trop bavard.
J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un navet intersidéral et m’apprêtais, en me frottant les mains, à descendre en flèche cette Ascension interminable. Je marquais ligne après ligne les torrents de vannes loupées, les phrases sans fin, les digressions indigestes. Sur un coin de page j’ai même noté « Encore 600 pages à morfler : sous le pavé, la rage ! »
Puis, arrivé à force de sueur et de conscience professionnelle aux alentours de la page 500, j’ai fini par abdiquer. J’ai accepté ce livre. J’ai supporté le mélange des genres (ou l’absence de genre ?). J’ai oublié le mauvais décor et les personnages grotesques. J’ai survolé les blagues pas drôles. J’ai pardonné à l’auteur.
Alors oui, Delecroix se regarde écrire, sans la moindre considération pour son lecteur. Oui, Delecroix n’a pas encore choisi entre Levinas, Proust ou Woody Allen. Oui, Delecroix est gonflé de mots, comme un ballon de baudruche agrégé de philo.
Mais Vincent Delecroix n’est pas seulement égocentrique. Il est aussi persévérant. Il vous a à l’usure. Il vous lessive pour mieux vous surprendre. Et si le roman ne s’envole jamais totalement, il finit par décoller un peu dans ses dernières envolées lyriques. Il y a dans les ultimes pages quelques fulgurances métaphysiques sur le destin de l’homme, le mal éternel, le salut impossible… C’est bien, mais ça ne fait pas un roman. Et ça fait surtout 500 pages de trop.
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