Lu par… LINA !

Livre en finale, BLAM
Cela fait des mois que j’en parle, sans aucun doute, mon coup de cœur de la rentrée littéraire, « BLAM » – bruit d’une main qui claque la couverture d’un livre de 575 pages, tradition prix virilesque pour les coups de cœur -. Cette année, j’ai mis toutes les chances de mon côté pour que mon « poulain » l’emporte : une intrigue grecque pour le Président (même si ce ne sont pas les épisodes les plus glorieux du pays), une écriture travaillée et poétique qui se mérite, de l’aventure, un peu de politique… Merci Anton Beraber d’avoir réuni dans ce premier roman tous les ingrédients pour convaincre mes camarades jurés…
Le pitch : le narrateur est un chercheur universitaire grec qui réalise une thèse sur la guerre gréco-turque de 1919, la guerre de la Megali Idea (la Grande Idée) portée par les nationalistes grecs. Sa thèse porte plus précisément sur un des combattants, un certain Saul Kaloyannis, personnage mystérieux dont le nom, telle une incantation, est scandé à travers le roman. Sa recherche l’amène notamment à interviewer et à rencontrer une myriade de personnages, à voyager sur les traces de ce héros inconnus à travers le monde, chaque chapitre correspondant à un témoignage, à un nouveau lieu.

Et c’est ainsi qu’on construit les légendes
L’écriture est très travaillée – tellement fouillée dans le vocabulaire, le rythme, la musicalité des phrases – qu’elle rend l’accès au roman un peu difficile. Le premier chapitre est une sorte d’épreuve initiatique, comme sil servait à perdre le lecteur : il n’y a aucune indication de lieu, d’époque, on est immédiatement et totalement immergé dans le roman ; on s’imprègne davantage de l’ambiance, du style que de l’histoire. Le lecteur mène lui-même l’enquête pour réunir toutes les pièces du puzzle, une fois passé les premières pages, on se laisse bercer par le flux des mots. Le roman livre les réponses au fur et mesure et tient le lecteur jusqu’au bout pour connaître le fin mot de l’histoire.
Pour autant, le sens de l’histoire (y compris de l’Histoire et la façon dont on la raconte qui est un des sujets du roman) n’a pas forcément une importance primordiale, la Grande Idée est aussi une écriture dans laquelle on a envie de se perdre, de se laisser porter, roman que l’on peut arrêter, reprendre et se raccrocher à un nouveau fil rouge sans perdre le plaisir de la lecture.
Le narrateur d’abord témoin, simple scribe, devient progressivement acteur de l’histoire, et donne une dimension supplémentaire au roman. La partie centrale qui porte sur l’incarcération du narrateur dans une Grèce totalitaire nous interroge sur la façon dont chaque pays, chaque régime (ré)écrit son Histoire, sur la façon dont on efface des pans entiers au nom d’une vérité.
Je n’en dirai pas plus, je ne veux pas dévoiler la suite, laisser à tous le plaisir de lire la Grande Idée jusqu’au bout…

La Grèce totalitaire
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