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Neverdays, d’Alizé Meurisse

21 Oct
Barbiche shizophrène

Barbiche shizophrène

Lu par Claire

Editions Allia

Marre de ma vie de Brad Pitt, j’préfèrerais m’appeler Jean-Paul

Quoi, tu ne me reconnais pas? C'est moi, Angelina!

Quoi, tu ne me reconnais pas? C’est moi, Angelina!

C’est vrai quoi, la célébrité, ça t’éloigne de toi-même en te jetant dans les bras des autres. Voilà ce qui arrive au protagoniste de Neverdays, fringuant acteur français au sommet de la gloire et de la musculation, coureurs de jupons et cynique de première. Dans la vie, il tourne, il baise, il tourne, il boit, il baise, il… Bref. Dur dur d’être célèbre. Soudainement dépité par la vacuité de son existence qui ne lui appartient plus, résumée aux biftons de son agent et aux fantasmes des femmes, notre héros découvre un jour par hasard une étrange clinique où l’on offre au client de se transformer pour quelques jours dans la peau d’un inconnu, un anonyme donateur d’ADN. Ok, la transfusion fait mal et fait gerber, mais qu’importe : la star se retrouve transformée en petit gros peu attrayant, exactement ce qui lui fallait pour reprendre goût à la vie. Le voilà qui s’accroche à sa nouvelle existence, devenu accroc aux shoots d’ADN, à l’anonymat et au régime pizza-bière. Pire, il se trouve une copine, une vraie : pas trop belle, pas trop moche, normale.

Une écriture entre  » le saviez-vous?  » et American Psycho

Première personne et fond psychopathe rythment la narration du protagoniste, découpée en petits chapitres qui débutent tous par une citation, le plus souvent en anglais. (NB : la propension aux citations anglophones de l’auteur risque d’en agacer certains).

Gros coup de mou pour la star

Star, grosse teuf, petit gros, et coup de mou : le livre en une image

Ce récit autobiographique de fiction s’appuie également sur une foule de fun facts à la « le saviez-vous » qui illustrent le propos : de là à se demander si l’auteur n’a pas choisi ce mode opératoire comme source d’inspiration, il n’y a qu’un pas. Exemple p.76 : « Mel Blanc, la voix de Bugs Bunny, était bien allergique aux carottes. C’est ça l’ironie.  » Autre exemple p.11 : « Les relations sexuelles brûlent 360 calories par heure. » (ndla: exemple choisi pour son évident impact SEO). Finalement, ça distrait, et ça confère une certaine originalité à ce roman qui a le mérite de ne pas copier ce qu’on faisait avant, mais de s’ancrer dans sa propre société. Facebook y est même cité. Sacrilège qui a du faire frémir le monde de l’édition.

book_652_image_coverUne auteur prometteuse

Si l’on se doute bien que l’auteur appartient elle-même de près ou de pas trop loin à ce monde pailleté du succès parisien, il n’en demeure pas moins que ce troisième roman envoie du steak. Là-dedans, on trouve tout un tas de choses, de l’imagination, des images vivantes et musclées, de la poigne et de la science, un ensemble boosté qui rend la lecture plaisante. Dommage cependant que la fin tombe dans l’écueil du flou et du poussif, comme si l’auteur, décidée à terminer, n’y avait pas mis le punch qui transpire dans le reste du roman. Un poil décevant, mais to be continued.

Ni ce qu’ils espèrent ni ce qu’ils croient, d’Elie Treese

13 Oct

Rasoir sans espoir

Editions Allia

Lu par Philippe

Moins un titre qu’une vérité vraie

ni ce qu’on souhaite

Ne nous le cachons pas, ce qu’aimeraient bien trouver les jurés c’est la petite pépite publiée dans une maison d’édition peu puissante, un livre passé inaperçu et à qui nous rendrions justice et honneur par notre prix. C’est avec cette espérance souvent déçue que j’ai acheté le court roman d’Elie Treese, attiré comme une pie par la très jolie couverture, bravo les éditions Allia.

La quatrième a cependant commencé à me faire douter : « Il a bu un coup et il a dit la vérité vraie ». La vérité vraie… Bien nul ça… Méfiance. Hélas, après quelques pages, j’ai compris que le titre de ce roman était avant tout une promesse au lecteur : Ni ce qu’il espère, ni ce qu’il croit. Encore moins ce qu’il souhaite.

Quat’ darons qui boivent du picrate lourd comme l’azur

Les quatre protagonistes, avant le vol du bidon

C’est l’histoire d’une bande de quatre pieds nickelés un peu vagabonds, peut-être partiellement clodos, on ne sait pas trop, les indices spatio-temporels arrivent lentement. Ils volent, dans un chantier paumé en lisière de forêt, un bidon d’essence. Comme ils ont bu de la gnôle genre Destop, ça va être galère. Tout cela est raconté du point de vue d’un certain Maroubi tout au long d’une sorte de discours/pensée indirecte libre

« Et Low a dit nom de Dieu c’est la putain de cour des miracles ou quelque chose et Hadès a juste dit va baiser ta mère et le silence était autour de nous comme un songe sinueux avec la brume qui luisait un peu sur les engins (…); Puis Hadès s’est relevé, a fait quelques pas avec son fusil sous le bras, et j’ai dit ce sera bientôt fini les gars, et il faut juste qu’on se tienne encore un peu à carreau (…).« 

L’intérêt réside dans ce mélange de grossièreté et de visions poétiques, mises en valeur par la narration. ça marche assez bien. Voilà tout. C’est dommage, certaines images sont très réussies. Mais même à six euros le livre, ça fait cher de la belle image poétique. Pour le reste, je comptais sur ces 76 pages pour se lire vite. Mais le temps mmh, attendez… s’étendait comme un songe sinueux après une gueule de bois. 

 

Repas de morts, de Dimitri Bortnikov

19 Sep

Editions Allia

Lu par Lina

Ce livre ne vous laissera pas déjeuner en paix

Rasoir

35 pages sur les 188… Record battu ! Julien s’est arrêté à 5… mais je n’ai pas réussi à aller plus loin dans cette écriture drue, piquante et insaisissable comme une moustache russe…

De ce long monologue où l’on est très vite perdu dans le temps et dans l’espace, ne retenons que :
– Les premiers paragraphes trop virilo : « Je me masturbais quand mon père a appelé. J’avais la force de me lever pour baisser le son du porno. Il y avait même un chien joyeux comme un jeune ours et une femme qui avidement gobait son sperme »
– La quatrième de couv’ qui n’en dit pas trop sur le livre : « J’ai rien à faire là »
– Le prix relativement modique : 9€

Pour tous ceux qui voudraient en savoir plus, tâchez de battre mon record !

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Lu par Julien

...-moi-le-noeud ?

Rasoir

Rendons grâce à Dimitri pour son invention: la phrase en quatre mots. Avec sa variante, en cinq.

Fier comme un ours, notre cosaque en use et en abuse.

Perso, j’ai tenu cinq pages, avant de passer cul sec à la quatrième de couv’.

—- Nasedrovié!

Par effraction, d’Hélène Frappat

11 Oct

Allia

Lu par François H-L

Hélène Frappat propose avec Par effraction un roman-poème d’une très grande sensibilité. Le narrateur découvre par hasard dans un carton acheté aux puces des films de famille et son attention se focalise sur une fillette dont le chemin de vie devient une source d’interrogation et d’inspiration. Alors que sous ses yeux la fillette devient femme, il s’imagine ce que devaient être son existence, ses blessures et ses désirs.

La narration procède par touches impressionnistes. Le style est aérien, onirique et imagé. L’écriture animée par une sorte de fatalité se met au service d’une narration obsédée et obsédante. Certains aiment, d’autres détestent. L’œuvre  mêle à ce point les genres qu’on hésite finalement à la réduire à l’étiquette de roman.

En somme une œuvre poétique, presque picturale, qui sans avoir sa place dans une liste de roman mérite l’attention  de celui qui est prêt à vivre une nouvelle expérience littéraire.

Lu par Marine 

Petit ouvrage à l’écriture poétique autour duquel l’auteur a réussi à créer une atmosphère très particulière, très originale. L’écriture est belle, sans ostentation. Et le tout est bien amené. Malgré une agréable lecture, il n’est cependant pas certain qu’il demeure longtemps dans nos mémoires.

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