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Un amour d’espion, de Clément Bénech

28 Sep

Lu par…Gaël

Duvet de limier

 

 

 

 

Le narrateur à l’identité inconnue, étudiant en géographie saisi par l’inactivité post-examen, part au débotté passer trois mois à New York où il file, pour le compte d’une amie, l’homme dont elle est amoureuse mais avec lequel elle a rompu car il traîne derrière lui un sombre secret.

 

Il y a des références potaches à un ami personnel de l’auteur et par ailleurs auteur chez Gallimard, à une capitale de l’imaginaire lovecraftien, et j’imagine à d’autres choses que je n’ai pas identifiées.

 

On s’y perd.

 

Il y a une bluette new-yorkaise. Il y a l’effleurement tragique de l’histoire contemporaine de la Roumanie. Il y a une connaissance assez encyclopédique de la géographie brooklynienne, acquise au choix grâce à Google Maps ou grâce à un séjour oisif qui a dû ressembler quelque peu à celui du narrateur.

Voyage coût carbone maîtrisé : « alors là je me suis laissé surprendre, j’ai tourné à droite sur google street view ».

 

Il y a une mise en abîme superflue de l’auteur dans un de ses personnages. Il y a pas mal de références ironiquement distanciées© à la culture et au rapport au monde d’une génération digital native. Il y a des photos et des schémas qui dispensent de descriptions. Il y a, honnêtement, quelques moments de grâce d’écrivain – dans le portrait de Dragan, le mystérieux amoureux ; dans une scène de basket de rue impliquant une star de la NBA sur le retour. C’est pop, potache et vite lu. Globalement, ça n’est pas très bien écrit malgré des préciosités, et assez mal construit. Noté par les correcteur du narrateur, ce livre mériterait sans doute un : des facilités, mais pas assez de travail. Dommage.

Souviens-toi que l’amour n’existe pas, de Diane Gontier

20 Juin

Lu par Guillaume

En 2016, toujours pas de logo zéro moustache

En 2016, toujours pas de logo zéro moustache

 

 

 

 

Retour en 2015

Ce livre n’avait pas vocation à concourir pour le prix Virilo : dès le départ, nous savions qu’il était mauvais. Le lire et le chroniquer tenait exclusivement de la blague de potache, qu’on en juge : un livre vendu comme un Fifty Shades of grey à la française ; écrit par une jeune femme tentant de se lancer dans deuxième carrière vaguement sulfureuse ; cerise sur le gâteau, qui lui donnait tout son sel, Diane Gontier se faisait plutôt appeler jusqu’à récemment Diane C. (voir mots-clefs). L’ouvrage avait tout pour être la cible de quelques quolibets faciles, plaisir de la revanche sociale sous de minces oripeaux de LOL.

Je le ramène donc un soir à la maison, avide d’une bonne injection de moquerie pure, de la brûlure du ricanement coulant à travers mes veines et m’éclatant directement le cortex. On m’en avait raconté la trame ridicule, quelques travers d’écriture, la vision du monde totalement aberrante et le manque d’imagination, riche terreau pour d’exubérants clichés. Je ne m’attendais à rien mais j’avais hâte.

Spoiler : une plongée réaliste dans le monde de la biologie médicale

Spoiler : une plongée réaliste dans le monde de la biologie médicale

Las : les stratégies éditoriales sont les plus fortes. Du haut de notre palmarès Minuito-Cortiesque, je pensais me moquer, en même temps que de l’auteure, de ses lecteurs appâtés par le fameux « fifty shades of grey à la française ». En réalité, la véritable cible éditoriale, c’était moi : le demi-mondain parisien en quête de la plaisanterie facile sur une fille de demi-star.

Auto-roulette-russe

J’ai presque envie de saluer le génie de l’auteure, vengeance particulièrement habile à l’encontre de mes semblables, d’autant plus réussie qu’elle se joue à retardement. Terroriste de l’écriture, Diane Gontier a amorcé une machine infernale à triple détente, qui n’explose qu’avec la complicité active de la victime. J’aurais dû laisser ce livre chavirer tranquillement avec les autres déchets de la marée noire littéraire, au lieu de céder à la facile provocation.

L’auteure manie à l’encontre de ses bourreaux-victimes l’arme la plus terrible qui soit : l’ennui. L’intrigue se voudrait une dentelle, elle n’est qu’inutilement tordue. La majorité des personnages et des situations sont totalement forcés et ne la servent en rien. L’écriture est celle du bon élève, soucieux de s’assurer que son lecteur a bien saisi l’ensemble du jeu subtil, intriqué et pernicieux du désir, et qui le présente donc bien à plat, comme un labyrinthe de Pif Gadget. Dans la jungle des clichés la machette du second degré s’émousse rapidement. Vers la page 67, le voyageur abat son dernier baobab. Ensuite, il ne peut plus compter que sur sa volonté.

Jeu de miroirs infini du sado-masochisme, où le lecteur voyeur devient victime exhibée ? C’est ce que je plaiderais si j’étais l’éditeur, traduit devant le tribunal de la littérature et ses jurés demi-habiles. Reste qu’on se demande vraiment pourquoi des merdes pareilles sont éditées et vendues 19 euros.

First date avec Marie Nimier, Prix Trop Virilo 2013

12 Nov

Samedi, le Prix Virilo assistait à la lecture au Théâtre du Rond-Point, à Paris, de Je suis un homme, Prix Trop Virilo 2013, par le comédien Philippe Calvario et Marie Nimier herself.

Marie Nimier et Philippe Calvario font l'amour aux mots, avec poigne et machisme.

Marie Nimier et Philippe Calvario font l’amour aux mots, avec poigne et machisme.

 

L’occasion de remettre à l’auteur son prix, à savoir un superbe cadre en pin véritable et un chèque de 11 euros, soit 1 euro de plus que le Goncourt, qualité et virilité obligent.

Kikou, c'est nous!!

Kikou, c’est nous!!

Fort de sa présence moustachue, le Prix Virilo a été salué par l’équipe du Théâtre et le monde des lettres (enfin!), à travers la lecture très lol d’un communiqué écrit par nous-mêmes.

En vidéo : ICI 

Ou par écrit:

«  Dans une rentrée littéraire dominée par des prouesses demi-molles, une femme s’élève contre la métro-sexualisation du machisme et sublime l’homme dans sa trop grande virilité. Face au Femina, Marie Nimier reçoit cette année, haut la moustache, le Prix Trop Virilo 2013 pour son roman Je suis un homme. 

En se mettant dans la peau d’un mâle qui refuse d’être dominé par les femmes, armé de son gros engin et d’une droite facile, Marie Nimier produit la poussée de testostérone littéraire la plus vivace de la rentrée littéraire 2013, la giclure un poil excessive de mots, que vous allez recevoir en pleine figure ce soir. 

Lorsque l’on sait que l’auteur elle-même décrit son héros comme « pas sympathique du tout », et précise qu’elle s’est inspirée pour l’inventer d’un vibromasseur en porcelaine, on ne peut que lui serrer virilement la main. Peut-être une façon pour Marie Nimier de nous démontrer que la plus grande virilité débouche toujours, paradoxalement, sur un con… 

Marie Nimier a le bonheur de recevoir pour son prix un chèque de 11 euros, soit 1 euro viril de plus que le Goncourt. 

Amicalement, Le Prix Virilo. « 

Merci à Marie Nimier, lauréate formidable et peu rancunière.

Merci à Mikael, heureux photographe d’un jour pour la fine équipe moustachue.

Il faut beaucoup aimer les hommes, de Marie Darrieusecq

26 Sep
La love moustache humaniste

La love moustache humaniste

Editions P.O.L

Lu par Claire

Liaison torride à Hollywood

smack les hommes

smack les hommes

La qualité du nouveau roman de Marie Darrieusecq surprend d’autant plus que le résumé fait peur. On l’a aperçu dans de nombreuses premières listes de prix, ce roman. Titré d’après une citation de Marguerite Duras herself, « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible on ne peut pas les supporter. », les hommes de cette phrase-là font plutôt référence à UN homme, le beau et solitaire Kouhouesso.

La narratrice, Solange, actrice française implantée avec succès à Los Angeles, vivote doucement jusqu’au jour où elle croise le regard d’un autre acteur, Kouhouesso.

c'est là-dedans que ça se passe

c’est là-dedans que ça se passe

Retour amoureux délocalisé de la Françafrique

S’ensuit une relation animale, fusionnelle… Hormis le fait que la fusion n’existe que de son côté à elle, Solange, tandis que lui rêve d’un projet d’adaptation d’un roman de Conrad au cinéma. Le désir qui le brûle de raconter l’Afrique amène Solange à se demander soudain ce que c’est que d’être blanc, que d’être noir, que d’être ensemble.

Je vous l’avais dit, le résumé fait peur. Et pourtant, l’auteur parvient grâce à une prose pleine de métaphores et un rythme audacieux à susciter en nous non seulement un intérêt dramatique, mais une véritable envie de lire. Quant aux cinéphiles parmi vous (et c’est certainement une des raisons qui ont emporté mon adhésion), ils auront en prime le plaisir de naviguer dans les eaux troubles du 7e art. Pour les voyageurs, celui de s’immerger dans la forêt camerounaise et les méandres des avenues californiennes. Pour les romantiques, tout le reste.

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