Flammarion
Lu par Anne
Avril, 1909 en Cilicie (pour ceux qui dormaient pendant les cours d’histoire de Mme Martin, ça se trouve en Turquie). Vahan Papazian retourne à Adana, la ville qui l’a vu grandir, orphelin recueilli par son oncle. On comprend très vite que Vahan fuit l’homme qui a juré sa mort, jadis son ami. Ce n’est pourtant pas le repos et la tranquillité que Vahan va trouver dans cette ville où depuis des siècles les Turcs musulmans et les Arméniens chrétiens cohabitent bon an mal an. Une malheureuse histoire d’amour entre un Turc et une Arménienne déclenche la colère aveugle de la communauté turque qui entreprend de massacrer, torturer, violer systématiquement tous les arméniens de la ville.
Du potentat local au poète arménien, les prémices du génocide sont évoqués à travers une multitude de personnages forts, bouleversants, vivants. Grâce à l’écriture magnifiquement ciselée, lyrique et raffinée de Daniel Arsand, l’on perçoit non pas tant les motifs de cette haine destructrice que l’amour et l’espoir qui subsistent au coeur de l’inconcevable. Les causes du massacre, on les comprend bien vite. Tout autant que la haine irrationnelle qui anime les Turcs, haine que la littérature cherche à appréhender depuis longtemps, c’est l’espoir qui nous tient en alerte aux côtés des protagonistes et nous touche dans notre humanité.
Loin de chercher à faire pleurer gratuitement dans les chaumières, ce roman captivant est avant tout une élégie à la gloire de ceux qui vécurent à Adana.
Les poilus parlent aux poilus