Mercure de France
Lu par François H-L
Avec ce roman, Anne Bragance nous propose de suivre durant quelques mois une famille qui vient juste d’exploser. Le père est parti (crise de la quarantaine, il s’est offert une deux-chevaux et s’est entiché d’une jeunesse), la mère s’enfonce dans la dépression, les enfants morflent : il y a la sœur aînée qui s’en fout un peu parce qu’elle préfère s’intéresser à son nombril et aux garçons qui aiment ce nombril, il y a la sœur cadette qui semble soudain « porter la croix du genre humain », il y a le petit frère qui ne comprend pas grand-chose mais qui intériorise tout parce que, vous comprenez, non seulement on est sensible à cet âge-là, mais en plus il est supérieurement intelligent.
Les chapitres adoptent alternativement le point de vue de chacun de ces cinq personnages (mais également de la voisine « au grand cœur », du médecin de famille et de la maîtresse).
Vous l’aurez compris le plus grand reproche qu’on peut faire à ce roman c’est son manque total d’originalité. En gros c’est comme une série américaine sans les rires en boîte, c’est cliché. A ce titre, le personnage de Sabine, la sœur cadette devenue « petite-maman-courage », chef de famille alors qu’elle est dans la fine fleur de l’adolescence, est insupportable de prévisibilité. On est agacé par sa maturité et son sens des responsabilités. En fait, on n’y croit pas une seconde.
Reste quelques beaux passages (hélas trop rares) sur l’usure des sentiments, sur la beauté de l’engagement, mais également sur la nécessité de lutter jour après jour pour le faire vivre (chapitres oniriques des délires de la mère par exemple).
L’écriture ne présente pas de qualités qui sauveraient l’ouvrage. Ca reste lisible, c’est propre, un peu gratuitement distancié par instants certes (chapitres du père principalement : quelle idée de passer de la narration interne à la narration externe ?!) mais ça n’accroche pas.
Aussitôt lu, aussitôt oublié.
Les poilus parlent aux poilus