Lu par… Stéphanie

Moustache Empire
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PREVIOUSLY IN HOMELAND…
Laurent Gaudé s’attaque à un sujet « planche savonneuse » s’il en est : « la guerre c’est mal » et « même quand on gagne on perd ». Jusqu’ici rien de neuf sous les bombes. Le livre commence comme une longue traversée du Gargano à dos mulet (référence peut-être pas assez explicite au Soleil des Scorta) et on craint un énième recours au pathos facile que recèle « la folie des hommes ».
Heureusement on comprend vite que oui « c’est mal et surtout ça fait mal…Mais ». Et ce « mais » est assez brillamment amené, grâce une très bonne idée : croiser le destin de deux agents occidentaux (ayant participé à la chute de Kadhafi ou à l’exécution de Ben Laden) avec plusieurs récits historiques menés du point de vue de guerriers victorieux ou non : Hannibal, le général Grant, ou encore Hailé Sélassié.
Ils ont gagné ou perdu, sacrifié des milliers de vies et s’en sont sortis vivants. Dans ces conditions il n’y a effectivement jamais de victoire, que des sacrifices et des pertes. Il faut donc apprendre la défaite, l’intégrer, la vivre, la sublimer (un peu comme les candidats de Top chef, avec la patate).
Tout est au présent, tout se mêle sans s’emmêler, c’est complexe et pourtant fluide et limpide. Des combattants de Daesh, des soldats romains, une archéologue irakienne, des snipers en perdition… Alors on avance : sur des champs de mines, des cadavres, des tumeurs, des vestiges. On avance, consentant, vers la défaite.

L’oeil droit, la moustache au vent
Mais aussi lu par… Alys

Bouc moins saillant
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Un homme part en mission rencontrer un ancien GI americain qui a pété les plombs et se livre à des trafics un peu gênants à Beyrouth. La veille de son départ, il passe la nuit avec une irakienne archéologue. Elle de son côté, part à Bagdad inaugurer le nouveau musée dans lequel seront exposées les œuvres qu’elle a mis 12 ans à retrouver. Ils tombent amoureux.
L’histoire est entrecoupée de passages de guerres de trois conflits : la bataille de Cannes par Hannibal, la guerre de Sécession et la chute de Sélassié. On comprend bien l’objet de cette construction, avec parfois jusqu’à sept narrateurs, et des histoires qui se mêlent de paragraphes en paragraphes. L’homme, face à la destruction et à la souffrance de la guerre, ne trouve la beauté et l’éternité que dans l’art et dans l’amour.
Un beau roman, bien écrit et documenté, mais que la construction rend parfois difficile à lire. D’autant plus que dans certains passages, elle est un peu artificielle.
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Les poilus parlent aux poilus