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À la fin le silence, de Laurence Tardieu

4 Oct

Lu par Philippe

 

critique1

Endive cuite

 

Ce très beau titre est une promesse.

Et on n’est pas déçu : la dernière page tournée, enfin, le silence.

Le pitch : la narratrice connaît trois bouleversements dans sa vie d’écrivain.

1-     Sa maison d’enfance va être revendue par papa, ce qui est super douloureux parce que madeleines de Proust. Porte qui grince, fraîcheur du grenier, <placez ici votre cliché sur l’odeur du chez-soi>. Faisons un livre dessus.

2-     Oh mais WAIT ! Alerte attentat Charlie Hebdo ! Comment dès lors trouver les mots pour… ? Et comment décrire le … ? Sannessarètradoncjamè !? <rajoutez ici votre réaction hystérique>. Faisons un livre dessus.

3-     Pendant tout le livre, TRUC DE OUF, la narratrice est enceinte. Et donc don de vie. Résilience par l’enfant qui dort – qu’il est beau quand il dort. Le sait-il, lui, que ce monde est fou. Mais n’est-il pas déjà le monde ? Ensemble c’est tout. Rester vivant. C’est l’histoiiiiiire de la viiiie. Le cycle éterneee-eeeelFaisons un livre dessus. 

 

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Vue de coupe.

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Cette fois encore, l’autofiction a frappé dans ce qu’elle fait de pire : la mise en livre d’un journal intime.

La vente de la maison est une foire aux clichés. La vague d’attentats, idem, sauf que c’est encore plus gênant. Je ne parle même pas de la grossesse, c’est pire qu’un mauvais texte de Phil Barney. La juxtaposition des trois « bouleversements » est totalement bancale, ne sert à rien.

Ce serait drôle si ce n’était pas aussi chiant.

Le lecteur a l’impression d’être coincé à une table de mariage à côté d’une amie-d’ami qui sort trop peu et raconte toute sa life en détails, sans se rendre compte que les confuses pépites de pensées extraites de sa sensibilité sont des évidences que l’on a tous eues, vues, lues ailleurs, en mieux, et que depuis, ben on en a fait quelque chose. Aucune banalité fadasse n’est épargnée au lecteur, pas même celles du style, comme les obligatoires trois pages sans ponctuation en mode « j’écris comme je ressens dans ma tête les pensées se bousculent respire ma chérie respire parce que les attentats tu comprends les attentats ».

Pourquoi, mon dieu, pourquoi ?

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Certainement l’accessit « endive cuite » de cette année : la mollesse du propos est sublimée par la fadeur du style.

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Vue de 3/4 face

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