Fayard
Lu par François H-L

Duvet de barbare
En relatant le parcours d’un groupe de jeunes qui ressemble comme deux gouttes d’eau au « gang des barbares », tristement célèbre pour avoir organisé l’enlèvement puis la torture du jeune Ilan Halimi, Morgan Sportès signe avec Tout, tout de suite un reportage fictionnalisé plus qu’un roman.

... ou pas
La volonté de dire vrai, de traduire les motivations absurdes de ces tortionnaires se traduit généralement par un style journalistique fluide et efficace (même si on relève parfois quelques faussetés). L’auteur tente par ailleurs de développer un certain nombre de considérations tenant aux circonstances sociales et culturelles qui peuvent, effectivement, d’une certaine façon, expliquer l’incompréhensible. Ceci est fait parfois un peu gauchement – merci de nous indiquer la date de construction de la zone commerciale de Thiais et le nombre de boutiques qui y sont exploitées – mais c’est dans ces passages que le roman fait sens.

Le gang des barbares, le film
Car si l’ouvrage renseigne et explique, il provoque en réalité également un grand malaise et interroge moralement le lecteur.
Cette histoire est en effet bien connue, on se souvient tous de son issue tragique. A force de narration-vérité, on se demande ainsi si on n’est pas forcé au voyeurisme, avide de sensationnalisme. Enfin, en refermant ce livre, on regrette que Morgan Sportès n’ait pas approfondi la dimension sociétale présente dans son roman.
Une analyse plus poussée aurait sans nul doute fait de ce roman un excellent ouvrage.
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Lu aussi par Philippe

Gang de rasoirs
Bon alors il faut savoir ce que l’on vient chercher aussi. C’est toujours le vieux débat sur ce qu’est la littérature. Depuis De sang-froid, on sait que cela peut avoir comme unique objet un fait divers récent.

Faites entrer le Sportès
Mais tout le monde n’est pas Truman Capote. Certes, on ne peut s’empêcher d’être intéressé par le déroulement de cette machine infernale, mais un peu malgré nous : ce ne sont ni le style, ni l’analyse qui m’ont fait tourner les pages, mais uniquement un certain voyeurisme, celui qui me fait lire la rubrique chien écrasée d’une PQR. Alors forcément, comme tout se tient (la plume de Sportès est bonne, rythmée, ne sonne pas faux ce qui est son plus grand coup ici), on se dit que si on lit, c’est que c’est très bon, mais non : j’ai lu ce livre comme on regarde un « Faites entrer l’accusé ». Hondelatte et son journaliste chauve en moins. Avec un peu de plaisir donc, mais aussi parce qu’il n’y a rien sur les autres chaînes… On ne va pas crier à la grande littérature non plus.

Fofana s'est laissé pousser la moustache
A l’heure où nous parlons, ce livre n’est toujours pas allé en prison. Il vit paisiblement sur les étagères de familles honnêtes. Comme beaucoup de livres sans grand intérêt, il a été sélectionné par le Renaudot et le Goncourt.
Philippe met sa veste, sort en refermant la porte derrière lui, on le voit relever son col à travers le carreau. Il part.
Tu-dum, tu-dum ! (tik bombom) Tu-dum, tu-dum !
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Les poilus parlent aux poilus