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Le camp des autres, de Thomas Vinau

22 Oct
Lu par…Charlotte

Lichen poilu

 

Au début du XXe siècle, Gaspard (un enfant) s’enfuit dans la forêt avec son chien. Tous deux sont recueillis par un homme, sorcier ou ermite, avant de rencontrer une bande de voyous chapardeurs qui défraya la chronique dans les années 1900 et avec laquelle Gaspard va chercher l’aventure.
Avec cette histoire d’enfant à l’abandon et d’adultes marginaux, Vinau fait le plaidoyer de ceux qui ne rentrent pas dans les cases, des écorchés, des sans-famille, des laissés pour compte d’une société qui se préoccupe davantage de maintenir l’ordre que de lui donner du sens. Ces gens et la forêt qui les abrite, c’est « le camp des autres ».

La couv…ah non, mais presque.

L’écriture de Vinau est fouillée, précise mais pourrait être plus puissante encore si le soufflé provoqué par les élans poétiques ne retombait pas un peu vite. Vinau n’a sans doute pas de chance qu’on ait lu Une forêt profonde et bleue de Marc Graciano (l’histoire d’une enfant seule errant dans la forêt recueillie par un sorcier ermite) dont la violence – de l’histoire, de l’écriture – en fait un objet incroyable. Il n’empêche, ce roman de Vinau est une jolie surprise qui laisse penser qu’on se trouve peut-être sur le seuil de quelques chose de plus fort. A suivre.

Enfant-pluie, de Marc Graciano

11 Oct

Lu par… Bérénice

Mammouth laineux

 

 

 

 

Le Marc Graciano de l’année est merveilleux (chez Corti). Que ma passion pour sa plume ne vous laisse pas croire qu’au Prix Virilo, nous sommes partiaux à certains auteurs. C’est vrai mais nous les lisons avec une attention renouvelée (on était même un peu inquiets pour lui l’an dernier).

D’aucuns seront déçus (il n’y a pas de fromage de bite), mais un conte préhistorique, en voilà une vraie originalité depuis Jean-Jacques Annaud !

Enfant-pluie est un petit livre, un petit conte, de, oh!, peu de pages mais le monde y est caché.

Enfant-pluie est un enfant, il s’appelle ainsi car, au moment du passage en ce monde, la pluie faisait déborder les rivières, gronder le ciel et glisser la terre. Il est né aidé de deux mains, celles de Celle-qui-sait-les-herbes.

Un peuple s’interroge : que faisaient donc ceux d’avant de tout cet amas de pierres taillés ? Révéraient-ils leurs Dieu, quelles étaient leurs capacités intellectuelles, ces objets avaient-ils une utilité pratique, quelle grossièreté dans cette taille, enfin, disent tous. You know nothing, Johns Snows, répond Celle-qui-sait-les-herbes.

Et Celle-qui-sait-les-herbes emporte Enfant-pluie dans son voyage, apprentissage de la terre, du ciel, du vent et des ocres pigmentés.

C’est subliment illustré par Laurent Graciano.

L’écriture de Graciano s’est un peu modifiée, plus rapide que ses autres livres, il joue avec le passé et les anachronismes, les mots de notre époque et les rêves d’une autre (ou est-ce l’inverse), les gisements de pétrole et les grottes immaculées.

Encore.

Vitement entre deux pages, le désir.

Heureux et moins heureux élus de la rentrée 2015

30 Oct
virilo2015

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FINALISTES DU PRIX « VIRILO » 2015 :

Lignes et fils, d’Emmanuelle Pagano (Editions P.O.L)

L’Oragé, de Douna Loup (Mercure de France)

Crocs, de Patrick K. Dewdney (Manufacture de livres)

Une forêt profonde et bleue, de Marc Graciano (José Corti)

Mémoires d’outre-mer, de Michaël Ferrier (Gallimard)

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Eau à moustache

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FINALISTES DU PRIX « TROP VIRILO » 2015 :

Héloïse ouille !, de Jean Teulé (Julliard)

Quand le diable sortit de la salle de bain, de Sophie Divry (Notabilia)

La domination masculine n’existe pas, de Peggy Sastre (Anne Carrière)

Le Double des corps, de Juliette Bouchet (Robert Laffont)

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CEUX QUE NOUS N’AVONS PAS RETENUS – et d’ailleurs on se demande bien pourquoi ils figurent sur d’autres listes :

La septième fonction du langage : « Laurent Binet a écrit un livre de khâgneux, tout de connivences et d’allusions feutrées aux théories qui ont enchanté sa jeunesse. Il atteint son public, et rate probablement le reste du monde. »

– Titus n’aimait pas Bérénice : « Il faut beaucoup de courage pour s’attaquer à l’adaptation d’un monument littéraire, mais aussi beaucoup de talent. L’un des deux manque ici. »

– 2084, la fin du monde : « Une désagréable sensation : si ce roman plaît, c’est parce qu’il dit tout haut ce que certains pensent tout bas. Boualem Sansal, qui est arabe, est totalement Charlie : sa souffrance personnelle devant l’état de son pays peut servir de costume bon teint à un anti-islamisme primaire caractérisé. »

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virilo2015

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REMISE des PRIX et d’une farandole d’ACCESSITS le 4 NOVEMBRE 2015, quelques minutes avant le Prix Femina.

Détails de la cérémonie et de la soirée qui s’ensuivra à lire prochainement sur ces augustes pages.

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