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L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa, de Romain Puértolas

4 Nov
Barbiche shizophrène

Moustache sacrée

Editions Le Dilettante,

Lu par Alys

Comme son nom le laisse présager, ce roman est un poil à part dans le paysage de la rentrée littéraire. Drôle, loufoque, enlevé, il suit le parcours chaotique de l’indien Ajatashatru (prononcé Jatte à tache à trou), moustachu (détail important), fakir et surtout escroc de son état. Venu à Paris pour s’acheter le dernier matelas à clou made in Ikea, il se retrouve enfermé dans une armoire, envoyé aux quatre coins de l’Europe via les circuits d’immigration clandestine, et pourchassé par un chauffeur de taxi gitan. Ses aventures le mèneront à écrire un roman sur une chemise, à le publier par l’intermédiaire de la star Sophie Morceaux et à retrouver la fille dont il est tombé amoureux entre deux boulettes de la cantine suédoise.

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From Bollywood to Hollywood

Quelques semaines après la sortie, le livre fait un tabac : il est déjà vendu à 80 000 exemplaires et les droits ont été acheté (une fortune apparemment) pour le cinéma. On ne s’en étonne pas, car le roman a toutes les qualités d’un succès en librairie et en salle : le héros est attachant, l’histoire pleine de rebondissements, et la fin digne des plus belles comédies américaines.

Un héros à grosse moustache

Outre la satisfaction de pouvoir sélectionner dans sa liste un héros à la moustache fournie, le jury a aussi (et surtout) aimé la première partie du roman, complètement barrée et très cocasse. Cependant, on regrette un peu le changement de rythme, dans la seconde partie du roman. Le ton se fait plus moralisateur, et à mesure que le fakir change de carrière, on perd un peu la logique « escroc » du récit, ce qui est dommage, car c’est bien ce qui en faisait tout l’intérêt.

Un détail qui participera peut-être à la légende : à la manière de JK Rowling qui écrivait dans les pubs pour être au chaud, l’auteur, lieutenant de police, a écrit ce roman sur son téléphone portable lors de ses trajets quotidiens en RER.

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Manuel de survie à l’usage des incapables, de Thomas Gunzig

28 Sep
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Le glabre pump-it-up

Editions Le Diable Vauvert

Lu par Alys

« Pendant que tu te lamentes, les autres s’entraînent » 

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la virilité intrinsèque de l’incipit

Ça commence plutôt fort, avec cet épigraphe de Schwartzy.  C’est l’histoire d’un homme-chien plutôt gentil, plutôt fade, et un peu con-con, martyrisé par sa femme-serpent méchante, froide et frigide. Il est vigile dans un supermarché, et un jour, sans faire exprès, il tue une femme, mère de quatre enfants-loups très méchants et très racailles. Bien sûr, ils veulent se venger, alors ça dérape, il y a plein de morts, plein de flingues, une justicière blonde ultra-bonne et une course-poursuite jusqu’en Russie.

Oui, ça se lit comme on regarde un Besson, sans trop avoir à réfléchir. Et ça aurait pu en avoir le charme si l’auteur ne fatiguait pas le lecteur avec ses considérations crispantes d’intello-gaucho type « à-bas le capitalisme ».

« Travailleurs, travailleuses… »

Les méchants hypermarchés nous robotisent. L’homme est soumis à un système qui l’exploite et l’use jusqu’à la mort. Le jour, il est caissier, 3 500 fois le même geste, l’œil vide et l’uniforme qui gratte. La nuit, l’homme bande mou et n’a plus la force de le regretter. Et le matin quand il se lève, il boit du café lyophilisé et il pue de la gueule.

Pour travailler dans les méchants hypermarchés, il faut faire des écoles de commerce où on vous fait passer des tests bizarres et injustes. On vous apprend à devenir inhumain car de toute façon « les écoles de commerce sont des tombeaux pour l’esprit ». Finalement, au bout de la course-poursuite, toute cette petite ménagerie meurt ou presque, et ça tombe bien, parce que le paradis a été racheté par Ikea.

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Au final, un livre énervant par sa morale bien-pensante, un roman dont le meilleur passage reste encore son épigraphe. Tout le monde n’a pas le talent d’Arnold Schwarzenegger.

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