Actes Sud
Lu par Paul
Comment vivre sa passion pour l’art lorsque l’on est né au XVIème siècle et que deux religions vous l’interdisent formellement ? Je parie que ce n’est pas la question que vous vous posez chaque matin en vous taillant la moustache.
Metin Arditi y répond avec brio dans Le Turquetto, l’histoire d’un enfant doué pour le dessin, qui a tôt fait de quitter Istanbul pour Venise. Dans cette capitale en déclin, il deviendra un peintre reconnu et envié. Mais la roche Tarpéienne est proche du Capitole…
Outre la curiosité qu’il fait naître dès les premières pages en entourant son personnage central d’une note de mystère, Metin Arditi nous présente au fil du récit une galerie de tableaux qui souffrent la comparaison avec ceux des maîtres italiens. Chaque lieu traversé, chaque personnage croisé par le héros donne lieu à des passages d’une très grande beauté.
En traçant le destin d’un artiste fictif, Metin Arditi évoque dans ce roman les rapports qu’entretiennent art et pouvoir, au XVIème siècle comme à notre époque.
Mais il traite aussi d’un thème qui lui est cher: celui des échanges entre cultures et religions. Au-delà de trajectoires individuelles dans des cités cosmopolites, il nous parle de l’histoire de l’Europe et des pays du bassin méditerranéen dans leur ensemble.
Un très bel ouvrage, à lire absolument.
Les poilus parlent aux poilus