Lu par François HL
Tu en as assez de lire « Roman coup de poing » sur le quatrième de couverture de n’importe quel ouvrage publié par un auteur de ton âge ou à peu près ? Tu redoutes qu’on tente de te convaincre que le bouquin que tu as entre les mains est celui « de toute une génération » ?
Crocs est définitivement pour toi.

Une oeuvre virilo
Dans ce roman pas de publicité mensongère (du reste l’éditeur, conscient de publier une pépite, n’a pas eu recours aux expressions galvaudées habituellement utilisées pour survendre). Tu vas te prendre une bonne grosse claque. Tu vas gémir, tu vas trembler, tu vas vomir… Tu vas vivre. Et tu en sortiras probablement grandi.
Patrick K. Dewdney nous présente un homme qui tente de se déplacer dans la forêt avec pour unique compagnon un chien, sauvage, farouche, il semble tellement bien connaître les lieux qu’on dirait qu’il y a passé sa vie. En réalité il fuit. Les causes de cette cavale demeurent assez mystérieuses. Un homme, un chien, la nature. On pense à la Route de McCarthy. Au film Into the wild. On pense également à l’affaire Treiber.
Et puis non ce n’est pas une fuite, c’est une quête.
Peu à peu, grâce à des flashbacks habilement menés on comprend ce qui a conduit cet homme dans les bois et surtout ce qu’il recherche.
Au-delà des belles descriptions du refuge sylvestre (et plus particulièrement des sols, support du mouvement et mémoire des temps), une écriture abrupte, parfois violente, toujours marquée par l’urgence et par une certaine fébrilité. Le roman est en outre très finement construit, avec de très beaux effets de surprise et du rythme. Celui de la course, celui de la respiration, celui de la colère. Et ce personnage ! Traqué comme une bête mais tout à fait homme, encore vivant (profondément vivant) mais à moitié mort… C’est intelligent. C’est rude. C’est animal. C’est dégoûtant aussi. C’est tout bonnement fantastique.
Fais-toi les dents ! Vas-y, cours. Dévore-le ce livre.

Juré mimant à ses camarades la scène du bichon.
Les poilus parlent aux poilus