Lu par… Jean-Marc

JM, c’est un gentil. 3 moustaches « pour équilibrer » a-t-il dit.
Que penser du dernier roman de Claire Castillon ? A l’évidence, elle a un sujet, une manière d’écrire, qui n’est pas encore du style, mais une obstination dans le monologue intérieur qui fait entendre, au fil des pages, un ronronnement familier. On s’habitue à lire ce livre, comme on s’habitue à ce récit d’un homme écrasé par sa femme, jalouse, possessive, haineuse, misanthrope, retorse, mesquine. C’est beaucoup pour un seul personnage de roman, et tant de noirceur, qui pourrit inlassablement la vie de couple, les relations familiales et amicales, finit par imposer au lecteur une forme de fascination. On se découvre voyeur, vaguement fasciné, hésitant parfois à lancer au mari malmené un « casse-toi, pauv’ con ! » ou bien, souvenirs en noir et blanc, à lui conseiller de regarder La Poison, film définitif de Sacha Guitry sur les derniers feux de l’amour conjugal.
Pourtant, Ma Grande est vraiment chiante et pas sympa.
« Tu as pas supporté notre proximité. Tu t’es vengéesur la petite. Tu avais besoin de gueuler de toute façon. »
« Tu passais des assiettes en carton remplies de canapés. Avariés. Le tarama avait jauni. Avec la chaleur, ça avait tourné. Tu m’as vu en jeter et tu as crié Ça va pas la tête ? On s’en fout, ils vont les manger. »
Mais, qu’il s’agisse de tarama, de vacances, d’enterrements ou de la femme de Gab, un ami d’enfance du narrateur, qui se trémousse « trop » pendant la Salsa du démon, l’accumulation de scènes, de souffrances, de rancœurs, ne fait pas une progression. Certes bien mené, le catalogue peine à devenir récit ; il reste un catalogue, une succession de petits drames qui s’emboîtent sans s’élever.
Des petites phrases sèches, un rythme las et syncopé, un drame ordinaire, qui s’écoute sans doute un peu trop écrire. Ma Grande est un récit adroit mais plat, et c’est peut-être pour cela qu’on s’y attache un peu.

Verdict ? C’est plat, la science a parlé.
Les poilus parlent aux poilus