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Je suis un homme, de Marie Nimier

11 Oct
Violence glabre

Violence glabre

Gallimard

Lu par Paul

Un sexe qui en impose

Je suis surtout un pervers violent, mais on ne s'offusquera pas de l'amalgame

Je suis surtout un pervers violent, mais on ne s’offusquera pas de l’amalgame

Alexis Leriche, rejeton introverti de petits commerçants de banlieue, mène une vie sans grand rebondissement mais en exploitant au mieux les dons que Mère Nature lui a donnés : une ouïe extraordinairement fine, qui lui permet entre autres d’entendre les cris des insectes (« les blattes sifflent, c’est net ») et un organe reproducteur aux belles dimensions (« il est vrai que mon sexe en imposait »). De temps à autre, il rudoie un peu ses conquêtes féminines, mais on ne s’y attarde jamais car là n’est pas l’objet  du roman.

Mais quel est-il, au juste ? C’est un peu la question que l’on se pose tout au long de la lecture de « Je suis un homme ». Entre l’esquisse du portrait d’un névrosé violent, le récit épique d’un banlieusard self-made-man et la triangulaire amoureuse un peu fade dans laquelle il s’enferme, ce roman veut être beaucoup de choses, pour en définitive n’être à peu près rien. Le plus gênant est peut-être que l’auteur elle-même finit par s’en rendre compte, elle qui foudroie son héros dans les tout derniers mètres, achevant ainsi ce récit sur des considérations dignes du « Palladium » de Boris Razon. Ne manque en somme qu’une touche de guerre d’Algérie – et éventuellement l’intervention d’anciens nazis – et ce roman pourrait tenir lieu de condensé des mauvaises idées de la rentrée littéraire.

De bien belles saillies

En refermant l’ouvrage on se demande si tout ceci était vraiment nécessaire, et si un tel titre n’avait pas comme unique vocation de piéger le juré du Virilo. Qu’à cela ne tienne, celui-ci est beau joueur et qualifiera certainement « Je suis un Homme » pour le Prix « Trop Virilo » 2013, ne serait-ce que pour quelques-unes de ses plus belles saillies. Morceaux choisis :

« C’était un jeu, bien sûr, elle en conviendrait par la suite en se frottant le cou, car le cou aussi je l’avais serré juste après, pour qu’elle se taise. Elle savait bien que j’avais les oreilles fragiles » (p.39)

« C’était plus fort que moi. Je la saisis par les épaules et la fis voler dans la cuisine. Elle s’affala près de la table, se cognant au passage (…). Mon Dieu qu’avais-je fait ? J’allais chercher la boîte à pharmacie, j’étais très tendre soudain, je me sentais bizarre. (…) Il fallait bien le reconnaître, j’avais envie de Zoé. Pas envie de la soigner, non, envie de coucher avec elle » (p.186).

Les hommes savent pourtant être sensibles, Marie

Les hommes savent pourtant être sensibles, Marie

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