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Le Sacret, de Marc Graciano

6 Oct

Lu par… Bérénice

Je prévois une autourserie dans les plans de ma future maison

 

 

 

 

Le sachiez-vous ? Un sacret est un oiseau de proie de la famille des Falconidés. Qu’il est reposant de lire un livre où le héros n’est pas un homme.

Oui

Quatre-vingt pages et une seule phrase, qui s’enroule et se déroule autour de l’oiseau trouvé blessé par le garçon. Marc Graciano nous enlève dans ses rets moyenâgeux, et c’est une danse entre mots précieux et ce de tous les jours qui encore une fois se colle tout contre mon cœur.

Le garçon qui recueille l’oiseau n’est pas de noble naissance mais l’oiseau es indiscutablement à lui : il l’a soigné et sauvé. Alors, il est invité à participer à la chasse seigneuriale. Oh, loin derrière tous ceux et celles de rang, mais là, avec l’autoursier qui connaît tous les oiseaux et leurs techniques.

C’est une très belle scène de chasse, qui ne prétend pas occulter la violence de la chasse à l’oiseau.

« […] ce fut un choc violent qui fit culbuter ensemble le levraut et l’oiseau, et souleva de fines parcelles de terre et des brins de pelouse, puis, quand le levraut fut bien certainement empiété et immobilisé, l’oiseau de proie lui fracassa le crâne avec son bec mais sans toutefois l’avoir déjà tué, puis lui creva et lui dévora les yeux, ce qui fit pousser au levraut des piaulements très aigus et peur et de souffrance […] »

On halète avec les hommes et on regarde l’oiseau. On retrouve ici l’écriture de Marc Graciano, audacieuse, qui a fait son surgissement avec ses premiers livres en dépit d’une petite baisse de régime avec Au pays de la fille électrique. Le tableau mental de l’époque est à la fois évocateur et intemporel, le talent est présent.

Mais

Certes, pas d’homme = pas de viol. Merci. Mais, Marc, Marc, Marc.

80 pages.

80.

Dans cette si petite collection de Corti.

Marc, on SENT que c’est un bout de truc. Un extrait ? Un travail spécifique ? Une demande d’éditeur ?

Je suis tombée amoureuse de cette écriture avec de vrais longs livres qui me transportent et m’emportent, enfin ! Marc, on s’en fout si ton éditeur a dit que ça ne vendait pas, de toute façon tu es publié chez Corti. Ça ne vend pas, ne te mens pas. Pas de 5 moustache tant que je n’ai pas un au moins 250 pages dans les mains. Ecris un long livre, de nouveau.

Stp.

Pas de poisson dans cette histoire COURTE

Au pays de la fille électrique, de Marc Graciano

12 Oct

Lu par Philippe

 

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4 moustaches de ritAaaanoos (façon Kendji)

 

Je répugne à juger un livre non pour ce qu’il est, mais pour l’œuvre à laquelle il prend part. C’est le début des erreurs de jugement. Un bouquin faible qui suit une litanie de chefs d’œuvres y cache sa médiocrité. On juge le sillon déjà creusé dans lequel paunnamed2sse le soc émoussé. Et c’est ainsi que des critiques encensent nécessairement Modiano, Pennac et consorts à chaque livre. Jugeons le soc, pas le sillon.

Difficile pourtant de ne pas faire cette erreur avec le livre de Graciano, tant ce troisième roman prolonge le dessin de Quelque chose de plus grand, difficile à cerner, dont les traits encore embrumés diffèrent pourtant de ce que l’on voyait poindre à l’issue de l’éreintante quoique formidable lecture d’Une forêt profonde et bleue, l’année dernière.

Flashback.

2015. Tout le jury est obligé de se taper « Une forêt profonde et bleue» car finaliste du Prix Virilo.

On apprécie le style très osé de Marc Graciano. Un style hermétique, à la limite de l’autisme, syncopé, répétitif, hypnotique et précieux. Un style qui permettait de décrire à peu près tout, jusqu’au franchement dégueulasse – un viol par une pleine armée. Graciano ratait le Virilo, mais pas l’accessit « du livre qui donne ses lettres de noblesse à quelque chose qui ne les méritait peut-être pas » pour sa longue description du smegma d’un violeur. Nous avions surnommé par-devers nous cet accessit « le prix fromage de bite ». Je le dis car c’est important pour la fin de cette critique.

Bon, et alors cette année ?

Le pitch.

Cette année, Graciano revient avec « Au pays de la fille électrique », un titre nul qui reprend sans le savoir un jeu de mots de Souchon qui passe très bien en chanson mais, on le sait maintenant, très mal en titre de roman.

Et là, PLAF, syndrome du boucher « il est reste un peu, j’vous l’mets ? », Graciano nous ressort la même trame que le précédent livre (une forêt profonde et bleue), transposé à notre époque. Le viol, ici dès les premières pages, est particulièrement éprouvant.

Ce n’est franchement pas le bouquin à offrir à maman à Noël (sauf si maman aime le trash-rape-porn ET qu’elle sait que vous le savez). Bref, la fille survit on ne sait trop comment aux 40 pages de viol et à ce qui aurait dû être une hémorragie interne causée par une bouteille de bière brisée dans l’anus.

On la suit ensuite durant le reste du livre dans son chemin vers la mer et dans son existence de punk à chien propre et sans chien. Elle rencontre un survivaliste, un soignant formidable dans un hôpital psy, des flics gentils et blasés façon le p’tit quinquin et un vieux Ritano original, du moins dans la mesure où il est au croisement de plusieurs clichés (le clochard céleste, Joe l’indien et le pêcheur de Cabrel dans la Cabane du Pêcheur).

[ SPOILER ALERT ]: à la fin elle meurt d’une infection non soignée aux parties intimes.

Nan j’déconne. A la fin elle rentre dans l’eau de la mer. On est content pour elle

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Marc Graciano va vous faire aimer les produits laitiers

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On en pense quoi ?

Plus facile d’accès, au style moins affirmé, aux descriptions moins méticuleuses, le livre perd en force. La description du viol, qui dans le précédent livre était gouvernée par un parti pris littéraire audacieux, semble ici (et c’est un procès d’intention) un peu plus gratuite. On cherche le propos de tant de gore. Pourquoi cette surenchère ? Montrer que l’on se remet de tout ? Faire plus marquant qu’Irréversible ?

Si on ajoute quelques autres défauts (la structure du livre, avec la scène la plus forte dès le début et puis après pas mal d’ennui ; le personnage du soignant – l’auteur l’aime trop, il est romantisé à l’extrême) on est obligé de se demander quel est le propos, quand le parti pris stylistique très fort du précédent ouvrage nous en exonérait. Ce relâchement stylistique rabaisse tout. Typiquement, quand les personnages des précédents romans étaient comme  des archétypes de mythes, le style plus direct les ramène ici à l’état de clichés.

La fin, assez WTF, avec une chouette incandescente dedans, laisse le lecteur très perplexe et pas mal déçu. C’est amusant mais on a acheté un livre, pas les pires épisodes de LOST édités en Folio chez CORTI.

Tout cela ne nous doit cependant pas nous faire oublier un truc super important : c’est tout de même très bien écrit.  

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Donc:

☞ Pour ceux qui n’ont pas lu le précédent livre et n’aiment pas la fin de LOST avec des chouettes incandescentes qui donnent la vie grâce à leur cosmo énergie………………. 3 moustaches

☞ Pour ceux qui ont lu le précédent et aiment les auteurs obsessionnels………………. 4 moustaches, à condition que le prochain livre mette en scène le viol d’un chanteuse de prülllzt par une bande de Glorlors, dans une ruelle sombre de la planète Neptuna 5, en l’an 3403

☞ Pour ceux qui ont lu le précédent et n’aiment pas les œuvres à clefs ou les propos un peu flous sur les victimes de viols et sur la rédemption / résilience………………. 2 moustaches.

☞ Pour la famille de Marc………………. 2 moustaches : Marc ne va pas que bien. Il faut en avoir conscience. Il y a un truc qu’il expulse, là.

☞ Et enfin pour les amateurs de fromage de bite (on retrouve ce terme exact dans les pages du roman, dans une longue description puis dans la bouche de la violée, merci du clin d’œil, Marc, TU L’AURAS TON ACCESSIT) un grand 5 moustaches pour cette formidable nouvelle (vous pouvez vous arrêtez à la page 60).

Ce qui nous fait une moyenne plutôt à 3 moustaches, mais je lui mets 4 parce que je l’aime bien.

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On en redemande

 

 

Une forêt profonde et bleue, de Marc Graciano

28 Oct

Lu par Bérénice

Moustache conquise

Moustache conquise

Sur le fil du style, Marc Graciano nous offre un magnifique roman, tout de contemplation mais sans négliger le souffle du conte.

Dans la lignée de Liberté dans la montagne, son premier roman, Marc Graciano enroule le temps autour de ses phrases et fait de chaque chose une inépuisable source de contemplation.

Érudit, atypique, il s’agit d’un livre qui propose quelque chose de très réfléchi et en même temps de très puissant. Il s’agit ici d’un objet littéraire neuf.

Lu par Paul

Moustache enthousiaste mais

Moustache enthousiaste mais

Le nouveau roman de Marc Graciano n’a effectivement pas d’équivalent dans cette rentrée littéraire et sans doute au-delà.

Le style dense et érudit invite à s’immerger intégralement dans cette oeuvre. Ou plutôt il l’exige, sous peine de sentir comme l’héroïne rapidement désarçonné.

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Erreur du webmestre

Erreur de visuel. Le webmestre a dû travailler trop vitement.

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