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Toute la noirceur du monde, de Pierre Mérot

24 Sep
Bouc facho sanguinolent

Bouc facho sanguinolent

Editions Flammarion

Lu par Claire

Quand Marine Le Pen se maque avec Dexter

profCette seule éventualité vous fait froid dans le dos? Vous remplit de satisfaction? Vous fait doucement ricaner? Vous donne la nausée? Vous êtes bon pour la lecture du nouveau roman gueule de bois de Pierre Mérot, source de polémique bien avant sa sortie.

Avertissement préalable : que les lecteurs dénués de second, voire de troisième degré, ainsi que de toute forme de cynisme, passent leur tour, s’ils ne veulent pas être tentés d’aller incendier l’auteur et son éditeur.

Pitch : alors qu’une avatar de Marine Le Pen accède au rang suprême de Présidente de la République, un professeur aigri par la vie et ses élèves sombre dans le cynique, le racisme, l’alcoolémie, le meurtre et l’incinération, occupations complétées d’une obsession « toute honorable » pour le respect de la langue française.

couv merotLe titre colle comme un gant au contenu, tenez-vous le pour dit. Âmes sensibles et chantres du politiquement correct s’abstenir. Les plus malins y discerneront fort heureusement un second degré bienvenu, qui met violemment en garde contre la popularité croissante d’un certain parti politique.

Ecrit comme un journal de bord, à la première personne, les confessions intimes de cet homme qui se dégoûte lui-même comme il est dégoûté par tout ce qui l’entoure se lisent paradoxalement avec un relent d’humour qui ne dépassera pourtant pas les limites de la bienséance. Osé, oui, inquiétant, certes, imaginatif, également (on l’espère!), adorable, impossible.

Viviane Elisabeth Fauville, de Julia Deck

6 Oct

Moustache anti-Lacan

Editions de Minuit

Lu par Philippe

Le cabinet était fermé de l’intérieur

Méfiez-bous des bourgeoises calmes

Je commençais à désespérer. Sérieusement. Sous mes yeux des livres tièdes à trois moustaches, des bouquins bien-mais-bof. Mais voilà, la médiocrité est le meilleur écrin au talent. Jugez plutôt de ce premier roman :

Dépassons le titre, bien nul -étrange comme certains auteurs se sabordent aussi efficacement. Bref, Le pitch, donné en une quatrième de couverture lapidaire : Vous êtes Viviane Elisabeth Fauville. Vous avez quarante-deux ans, une enfant, un mari, mais il vient de vous quitter. Et puis hier vous avez tué votre psychanalyste. Vous auriez sans doute mieux fait de vous abstenir.

Lacan m’a tuer

Je dois avoir un fond pervers, mais la lecture du rendez-vous avec le psychanalyste est jouissive d’humour retenu. Il faudrait que j’aille consulter, tiens. Parlons du style :

Vous sortez le couteau du sac (…) le docteur sourit toujours, attendant la suite comme s’il était au spectacle. Bien sûr de cela non plus il ne vous croit pas capable. Il n’a jamais vu en vous qu’une bourgeoise, une pâle carriériste, une névrosée de base qu’on domestique à coup de pilules blanches ou bleues.

Viviane pénètre dans les pensées du juré par le bon trou

Tout le livre est écrit comme cela, en audio-description si vous voulez. Le parti-pris semble lourdaud et pompier au début mais, et j’en fus surpris, fait rapidement sens. Il est manié avec finesse et apporte une vraie richesse.

Viviane Tyler Durden

En somme, toute la malice et le talent du texte tient dans la construction du récit autour de cette narration filée, faussement descriptive, qui renforce l’aliénation de l’héroïne comme notre empathie. C’est brillant, c’est super bien tenu, c’est très agréable à lire. J’ai rarement lu un texte rendant aussi clairement le vertige du malaise mental avec une telle économie, une élégance dans les moyens utilisés. Vous êtes perdus dans l’esprit vaporeux de Viviane, et pourtant tout est si net, l’écriture si claire ! Alors on pourra trouver agaçant cette économie-pingrerie, cette butor-isation répétitive… Les conditions de lecture ont fait que j’ai apprécié. Une remarque cependant, c’est dans la description des personnages rencontrés par l’héroïne que se lit le mieux cette paranoïa et que se déploie la profondeur de la narration. On aurait pu en faire plus, mais je chicane.

Cerise sur la tarte à la cerise, tout le texte est imprégné d’un humour et d’un recul rare ; du talent qui ne se prend pas la tête. Profitons !

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Moustache fauve

Lu par Marine

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Lu par Gaël

Duvet ville

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