Editions de l’Olivier
Lu par Anne
Ce matin, un lapin a tué un lecteur…
Commençons toutefois par tempérer cette exergue mue davantage par l’amour du LOL que par un ressenti sincère : Une partie de Chasse n’a rien de fatalement ennuyeux, vous échouerez à trucider belle-maman en le lui mettant entre les mains.
Il relate l’histoire du jeune Tristan, dadais empathique, que sa sculpturale épouse a envoyé à la chasse en compagnie des hommes du cru autant pour l’aguerrir que pour l’intégrer à la communauté d’autochtones. Tristan refuse le meurtre et empoche le lapin assommé qu’il ne peut se résigner à tuer. Celui-ci, pas rancunier pour deux sous ou sérieusement pervers, va s’attacher à commenter les actes et les pensées de Tristan. Mais pas comme Léon Zitrone devant Intervilles, ce qui aurait pu être rigolo, plutôt comme une version chamanique et lapinesque de Candide, le Nanabozo de Yakari (on a les références qu’on peut). Le problème, c’est que l’opposition nature-culture trop appliquée évoque davantage un essai de khâgneux (bon niveau, hein, soyons juste) qu’un conte philosophique sous les auspices de Giono.
On aimerait souffrir avec Tristan qui a quand même vu sa mère mourir du SIDA devant ses yeux, le pauvre petit. Mais rien. On aimerait avec lui répugner à quitter les terres de l’enfance, du rêve, de l’empathie, pour celles, cruelles, de la virilité martiale. Sauf que pas. Peut-être cela tient-il à l’écriture d’Agnès Desarthes, sèche comme un coup de trique sur le postérieur desséché d’une rombière en mal d’amour. Peut-être est-ce aussi dû au fait que l’auteur ne semble pas parvenir à choisir une voie, quelque part entre le drame social, la fable et le roman d’initiation. Peut-être enfin parce que dépeindre la façon dont les hommes naissent à la virilité aurait demandé plus que 150 pages ?
Les poilus parlent aux poilus