Lu par…Gaël

On croît que c’est un SMUR et en fait c’est un VSL
Le prix Virilo étant un prix de littérature FRANCOPHONE, les jurés se doivent d’explorer ce qui se passe outre-hexagone, dans un esprit d’ouverture totale.
Et il en fallait pour aller jusqu’au bout de cet ouvrage aux multiples visages. Au départ, j’ai crû qu’il s’agissait d’un manuel de camping. Puis d’un Guide du Routard de la ZAD de Notre-Dame-lès-Québec. Puis d’un roman d’aventures paru en feuilleton dans la revue des Deux Mondes en 1886. Puis d’un livre de développement personnel. Et en fait c’est un peu tout ça et, partant (attention mot à retenir destiné à remplacer définitivement le « du coup » du parisien contemporain dont nous essayons tous, sans succès, de nous défaire), ça n’est pas grand-chose. C’est dommage parce que la littérature québécoise pourrait être le lieu de l’invention d’une « littérature des grands espaces » en langue française et assise sur les enjeux contemporains, et c’était ce que j’avais espéré en voyant la couverture : un trappeur moderne faisant rôtir son dîner sur fond vert fluo du meilleur aloi.
Bref, le narrateur part faire du camping. Ayant repêché une chauve-souris couverte d’un étrange acné à proximité d’une flaque de produits chimiques évoquant un film de zombies des années 1970, il rencontre deux activistes de la protection de la faune mais attention, des activistes GENTILS. Ils ont une camionnette genre SMUR pour animaux, version 4×4, et partent sauver les lépidoptères en détresse au moindre appel (le bilan écologique de chaque intervention n’est pas détaillé). Par contre ils sont GENTILS, ils n’ont aucune action visant à éviter que les animaux soient empoisonnés ou amochés par les activités humaines et ne critiquent jamais personne. Ensuite il arrive à la base des éco-citoyens où ils se rendent compte que d’autres animaux souffrent de cet acné d’origine inconnue. Ensuite il y a des péripéties. Ensuite ils tiennent presque le coupable de l’empoisonnement mais ce dernier s’enfuit de manière rocambolesque de la grotte où il avait caché son matériel (c’est la partie Arsène Lupin). Ensuite le narrateur a fini ses vacances et rentre chez lui. Il n’a plus jamais de nouvelles de ses ex-nouveaux amis et d’ailleurs il s’en fout car il est SEREIN DANS SA TÊTE. Personne ne dénonce à la police l’homme qui a tenté de détruire toute la faune d’une zone naturelle pour s’amuser. Par hasard (il est à un barbecue, il raconte ses aventures à une parfaite inconnue et elle fait le recoupement avec un homme qu’elle a connu…) il découvre l’identité du coupable mais décide de ne rien faire, plutôt d’admirer cet homme qui a su aller jusqu’au bout de son devenir-salopard. A la fin on découvre que chaque chapitre de cette aventure a inspiré au narrateur un petit mantra et qu’il dispose désormais d’un mini bréviaire en 16 chapitres du mec GENTIL et SEREIN DANS SA TÊTE.
Voilà. C’est n’importe quoi. On attend à chaque moment que ça décolle mais non, chaque péripétie est annoncée, expliquée, puis racontée. Ensuite il y a un mantra. Le jury poursuit sa mission spéciale outre-Atlantique.

Mec gentil ou mâle terrible ?
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Étiquettes : 2018, 229 pages, éditions la mèche, laurent luissier, québec, un mal terrible se prépare
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