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Les Parisiens, d’Olivier Py

28 Oct

Lu par Alys

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Donne plutôt tes 22 euros à la Croix Rouge, steup’

Un jeune provincial gay et arriviste débarque à Paris et tente de percer (au sens propre comme au figuré) comme metteur en scène. Le pitch s’arrête plus ou moins là.

Tout d’abord, le livre remporte haut la main le prix de la couverture la plus moche de la rentrée littéraire. Mais aussi celui de la 4e de couv la plus ambitieuse puisqu’elle annonce sans complexe un roman « orgiaque et lyrique, dérisoire et grandiose ». 

Bon. En fait, on se tape un récit sur le microcosme culturel parisien, qui aurait pu être drôle, ou même triste. Mais en fait ça fonctionne pas et on s’emmerde. L’arrogance et l’ignorance de l’auteur invalident son discours. Pas de beauté, pas de fulgurances, pas de grandiose. Du cynisme ça oui, vous l’avez compris, le Parisien est un être cynique (tu parles d’une nouveauté). 

Non seulement c’est pas nouveau, mais en plus, on se fade des scènes de sodomies franchement répétitives, et on a droit aux considérations vaseuses de l’auteur sur la vie, la religion, l’âme, le corps, et bien sûr Paris. Du genre : « la splendeur haussmannienne est construite sur le charnier de la colonisation, et on peut toujours, par les soupiraux de la Préfecture, entendre les plaintes des Africains en détention par dessus le râle de la ville tout entière qui jouit de sa supériorité culturelle ». Oui, ça pique.

Ensuite on se dit, toute cette débauche de bites, ces mondanités inutiles et ces discours pseudo-métaphysiques, ben ça a un côté sacrément has-been. Cœurs secs et bouches humides. Comme un porno gay des années 90 qui aurait vraiment mal vieilli.

Exemple :

« Est-ce qu’il y a encore un espoir de vivre autrement que dans le chatoiement perpétuel des fêtes parisiennes ? Il faut demander encore à l’oracle, le serveur qui fume dehors derrière le café, dans une pose extatique, sous les cieux apocalyptiques. Il le rejoint et il voit ses souliers usés qui jouent à piétiner une bouteille en plastique.

– T’es mignon tu veux que je te suce ? demande Aurélien, frondeur.

– Pourquoi pas ? Répond le serveur. Je finis dans une heure. Tu viens chez moi ? »

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L’auteur, surpris dans un élan créatif

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Bon le problème c’est que c’est écrit en 2016, censé être « lyrique et grandiose » alors on tourne les pages en se disant que ça va peut-être venir, que quelque chose, autre que du sperme, va jaillir de toute cette médiocrité.

« – Parfois je pense que tu m’aimes vraiment

– Je vais te trouer le cul en écoutant les symphonies de Bruckner par Celibidache pour t’humilier doublement. »

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Aux 2/3 du bouquin, quand l’un des protagonistes qui a perdu son père en chie une pendule au point d’aller dormir sous les ponts avec des réfugiés, on se dit qu’on en a vraiment marre. Quand est-ce que ça se termine en orgie géante, qu’on en finisse. 150 pages de débauches inintéressantes et ça y est, il y en a qui crèvent, d’autres qui héritent, d’autres enfin qui récupèrent la direction de l’Opéra de Paris.

C’est bon, c’est fini, l’amour a gagné. Nous, on a rien appris, rien ressenti mis a part l’ennui, et on referme ce bouquin en se disant « quelle daube ».

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Le saviez-vous ? Le papier se recycle très bien en accessoires utiles de la vie quotidienne.

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Une semaine de vacances, de Christine Angot

19 Oct

Glabre gland

Flammarion

Lu par Philippe

C’est la Saint-Claude

Ce livre est court. Attiré par les critiques élogieuses, j’ai tenté les vacances de ses 16 ans avec son père incestueux. Je suis sorti de cette lecture absolument inchangé, tiède, indifférent. Ne croyez pas les chroniqueurs : ce livre N’EST PAS marquant ou implacable… A part à vouloir le relire comme un fan fiction porno de L’Empire Contre-Attaque, ce qui constitue une clef de lecture judicieuse.

La pipe au jambon et l’effet Darth Vader

Il y a une pipe au jambon et on y baise dans tous les sens. Beaucoup de fellations, des doigts, de la sodomie. C’est bien malsain puisque c’est de l’Inceste. Rappelons-nous Luke et Leïa. L’écriture n’est pas racoleuse (peut-être plus le projet de publication…). Comme je suis un besogneux, j’ai relevé trois éléments :

1- Le style : toujours clair, très descriptif, précision des scènes, distanciation. Le but est de montrer, donc. Le lecteur est confronté à une horreur (b)anale (honteux, mais LOL). « Il est assis sur la lunette en bois blanc des toilettes, la porte est restée entrouverte, il bande. Riant à l’intérieur de lui-même, il sort de son papier une tranche de jambon blanc qu’ils ont achetée à la supérette du village. »

– Luke ! Dis moi « Je t’aime Papa » !

2- SPOILER : Lors de la première scène (la pipe au jambon, une bonne vingtaine de pages tout de même) on ne sait pas encore que nous ne sommes PAS entre adultes. Cela renforce le malaise lors de notre « révélation » au bout de quelques pages « il lui dit « dis moi je t’aime papa » « . Je reste très circonspect quant à ce petit procédé (on s’y attendait un peu), que l’on appellera l’effet Darth Vader, assez inélégant malgré l’enjeu narratif.

3- La victime est soumise et ne se fait entendre que pour pleurer : presque pas de verbe d’action, très peu de mots. Le père demande, il impose, il regrette, il ordonne, il instruit… Bref, la domination est retranscrite. Puis un début d’indépendance apparaît. Les dernières lignes laissent comprendre une rémission car laissée seule, « elle commence à parler [à son sac] ». C’est par le langage qu’elle a commencé à sortir de cette relation, et c’est aujourd’hui encore par le langage (écrit) qu’elle traite son sujet (double jeu de mot). Pourrait-on parler ici de topic R2D2, traçant son chemin face à un C3PO qui soliloque ? Je le pense.

Voilà le propos du livre. De ces trois éléments, on crie au génie. Le tout est absolument anodin.

Des critiques biflées

Les critiques face au livre

Ce que je ne comprends pas, c’est que cette littérature éveille un intérêt chez quelqu’un. Cela se voudrait froid et implacable. C’est juste terriblement tiède, bien au delà du projet d’écriture : horreur/banalité/clarté. Pire encore, les chroniqueurs (Trois pages sur Libé, France Inter, l’Express…) s’enflamment : On nous parle de « texte sidérant », « d’expérience incroyable »… Je pense qu’il est une pure cristallisation de la critique, un peu comme les Ewoks révérant C3PO :

Un petit quiproquo et c’est le drame

Ce récit a pour seul horizon le témoignage d’une personne violée. La seule raison d’acheter ce livre serait par empathie pour l’auteur, et donc pour des raisons tout autres que littéraires : Après toutes ces années, regardons comment Angot se dépatouille avec ses souvenirs, la pauvre… On espère qu’elle va aller mieux! En somme, nous ne sommes plus les lecteurs d’un livre, mais les spectateurs de la carrière d’un écrivain. Le seul moyen d’apprécier ce bouquin est de devenir un groupie de la résilience d’Angot. 

Prix Pilon en vue !

C’est presque la définition du Prix Pilon que nous avons là : L’ensemble du projet, en dehors d’un objectif de déforestation -qui révulserait pourtant les ewoks- me semble absolument vain. Un roman doit utiliser la plasticité du langage pour donner une puissante expérience de lecture ; se décantera en vous comme un bon vin pour faire mûrir votre pensée ou votre imaginaire. A ce petit jeu, le livre d’Angot est un vin de table éventé qui a perdu tout son intérêt et son tannin depuis la violence du premier témoignage, qui ne valait que par ces trois mots d’ailleurs : violent, témoignage, et surtout premier… Depuis, on aurait pu sauver des arbres.

« OH… », de Philippe Djian

11 Oct

Moustache surprise

Gallimard
Lu par Alys

Deus ex sodomie

Titre casse-gueule

Un drôle de titre, entre l’exclamation d’un enfant apercevant une merveille, et le son de celui qu’on dérange. Le « oh » de l’étonnement, de la curiosité. Connaissant le père Djian, le « oh » de l’orgasme, aussi, probablement. Si à premier abord le titre en dit peu sur le contenu du roman, il n’en symbolise pas moins un nouveau style d’écriture qu’étrenne ici Djian.
Le livre s’ouvre sur une scène étrange, une personne, qu’on imagine de sexe masculin tout comme son auteur, est allongé par terre dans son salon. Il/elle vient de subir une agression. La scène est posée, l’auteur ne nous en dit pas plus, en tout cas pas tout de suite. Alors, on fait ses suppositions, on se trompe, on change d’avis, et l’auteur s’amuse à nous perdre, à nous retrouver pour mieux renforcer les mystères qui jalonnent son histoire. Grâce à une écriture très maîtrisée, l’auteur distribue des clés, quelques mots disposés ça et là comme des indices.

On doute que cela fonctionne pendant les premières pages, surtout parce que le narrateur se trouve être une narratrice, contrairement à l’habitude de l’auteur. Comment Philippe Djian, spécialiste unanimement reconnu des ambiances « bières chaudes et moiteur de l’entrejambe », va-t-il réussir à pénétrer la psyché féminine ? La solution s’impose au lecteur à la 3e page. Par un viol, tout simplement. Avec sodomie.

Pas d’érection pointant sous le jean brut

La violence est très présente : une violence sourde, permanente. Dans les relations que l’héroïne entretient avec ses proches, dans les mots. On ne comprend pas bien cette violence, d’ailleurs. Elle est insupportable avec son fils, son ex-mari, sa mère. Et puis petit à petit, Philippe Djian nous explique.

Spoiler, le violeur est tatoué

On est un peu frustré de ne pas retrouver tout d’abord ce qui fait le charme des romans de P.Djian : l’érection qui pointe sous le jean brut, les filles qui ne portent pas de sous-vêtements, le lieu toujours indéterminé (qu’on imagine en Californie ou au Texas), les pratiques sexuelles étranges (comme la danse de l’œuf, qui consiste pour une acrobate à s’insérer un œuf dans le vagin au moyen d’un grand écart).

Ici, on est en banlieue, la banlieue chic des pavillons, et c’est l’hiver, donc il faudra repasser pour la moiteur. On se dit qu’il a vieilli, qu’il s’est embourgeoisé et qu’il ne baise plus. Erreur. Philippe Djian est bien là, plus subtil peut-être, mais tant mieux, son héroïne n’en est que plus crédible. Quelques interventions valent d’être soulignées : quand l’agresseur envoie à l’héroïne un texto pour le moins clair : « Je t’ai trouvé très étroite, pour une femme de ton âge. Mais bon« . Ou quand ladite héroïne, surprise par une visite de son amant sur son lieu de travail, raconte : « Il ouvre sa braguette et me dit que je peux le caresser. « Dans ce cas, mets-toi au dessus de la corbeille » dis-je « .

On regrette de lui enlever une moustache, mais on lui reproche une ligne, la dernière. Dommage d’avoir voulu terminer en justifiant le titre, c’était loin d’être nécessaire, bien au contraire. En résumé, Philippe Djian signe ici un beau roman, sensible et féminin, mais réalise aussi une petite performance : nous convaincre que les femmes aiment parfois se faire brutaliser. A défaut donc de candidater pour le Prix Trop Virilo, voici un quatre moustaches.

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Toupet ah?

Lu par Philippe

Mon premier Djian. Avec un titre qui fait très « je lis du Djian dans le métro, moi ». Je suis bien content.

« Je saigne un peu… »

C’est agréable à lire… L’écriture est maîtrisée, la narratrice a une voix crédible, ce qui constitue un vrai tour de force… Je fus surpris également par la pudeur face aux scènes décrites. Exemple : Viol avec sodomie donc, et bien « Je saigne un peu mais ça va« . Djian ne s’éternise pas avec des lunettes d’entomologistes comme d’autres passent trois pages sur une fellation au jambon (n’est-ce pas madame Angot). Cette retenue est au cœur du livre. Cette retenue, c’est l’héroïne, véritable bloc de pierre lézardé mais vaillant puis jouant avec ses failles. Une héroïne franchement sympathique, qui nous pousse à nous penser un peu plus libre. L’histoire est extrêmement casse-gueule et Djian donne à voir avec une une sensibilité psychologique et une économie d’esbroufe rare.

Je saigne too much ?

Mais j’ai fini par être un peu agacé par le côté too much. La bio de l’héroïne, too much, quand tu la résumes ça en devient risible. Les twists de scénario, carrément too much, je ne parle pas de la fin tellement c’est LOL. Les relations sexuelles, les petits-enfants, même les dîners familiaux sont too much… Djian a dû s’amuser comme un fou, mais cela sape en partie la projection du lecteur. Ce n’était pas la peine de faire un scénario aussi dopé. Ce n’est pas un problème pour un roman de gare, mais cela ramène cette histoire à une anecdote trop bien écrite dont on reste le spectateur amusé. Un livre pulp, agréable, qui montre des gens se vautrer en tentant d’être libres.

Le Coprophile, de Thomas Hairmont

8 Sep
Editions P.O.L.
Lu par Xavier
Le Coprophile, de Thomas Hairmont (Ed. P.O.L.)

Ce livre, c'est de la très bonne merde

Dirty Sanchez

Ce livre est une vraie merde.

Il faut l’entendre comme un compliment. Faire de la merde le personnage principal d’un roman, personne n’avait encore osé. Thomas Hairmont a l’audace de le faire dans un premier roman.

Un étudiant en mathématiques, Français vivant à New York, promis à un avenir brillant intègre une chaire dans une Université de Californie. Ennui et rejet de la société l’amènent un découvrir un plaisir bien enfoui en lui : celui de son caca. Odeur, toucher… D’abord solitaire, le plaisir devient collectif à mesure que notre merdeux rencontre d’autres coprophiles.

Puisque comme le sexe, l’étrange dérange, mieux vaut prévenir que 70% du livre est composé

Etron, c’est trop

de ceci : « Je sentais le poids et la viscosité de l’étron qui se transvasait de mon abdomen à son œsophage. Les doigts de Sonia tripotaient mes testicules tandis que ses lèvres ventousaient mon anus, affamées, jamais rassasiées. Il n’y avait rien de plus excitant que de lâcher toute ma matière interne, nauséabonde, dans la gorge en feu de Sonia. Je savais qu’elle la déglutirait avec passion (…). Et le lendemain cela serait mon tour de happer goulûment le magma marron craché par son cul, la même matière que j’avais délivrée en elle la veille, mais enrichie d’une deuxième course nocturne dans ses organes digestifs. »

Dirty stach

Les discussions seront nombreuses au sein du jury du Prix Trop Virilo, écrire un torche-cul immonde suffit-il à accéder au titre suprême ? Je lui souhaite, en tout cas, tant « Le Coprophile » est à la merde ce que « Enculée » de Pierre Bisiou (Prix Trop Virilo 2008) est à la sodomie : une apologie, extrêmement bien écrite qui se lit comme on pose un étron après un après-midi de retenue : la répugnance des scènes est enjolivée par la fluidité de la lecture.

Plus d’informations sur l’auteur : visitez la page dédiée sur l’excellent site de son éditeur, P.O.L.

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