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Faillir être flingué, de Céline Minard

7 Oct
Good Ol' Mustache, buddy

Good Ol’ Mustache, buddy

       Editions Rivages

       Lu par Alexandre

Avant, le Western se résumait pour moi à des films barbants où John Wayne, un foulard noué autour du cou et le regard porté vers l’horizon, machouillait un brin d’herbe sur fond de musique de cavalerie. La lecture de Faillir être flingué, heureusement pioché au hasard des livres de la rentrée, est venue dézinguer ces a priori.

Cheyenne de Vie

Céline Minard est connue pour son talent à immerger ses lecteurs dans de vrais univers, qu’ils soient médiévaux (Bastard Battlle, Leo Scheer, 2008) ou post-apocalyptiques (Le dernier monde, Denoël, 2007). Voilà une qualité fort appréciable, à l’heure où un trop grand nombre d’auto-fictions parisiennes encombrent encore les étals des libraires.  Son dernier opus ne déroge pas à la règle et nous parachute sans préliminaire au milieu des plaines arides de l’Ouest des origines.

Les premières séquences du livre sont rugueuses comme la barbe des pionniers. En 35 pages, Céline “Calamity” Minard shoote cinq scènes magistrales qui plantent le décor et laissent déjà en bouche un goût de poussière des chemins, sans pourtant nous expliquer de quoi l’histoire retourne.

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Et pan dans les dents

Otage consentant de ce hold-up narratif, on poursuit donc la lecture, fasciné par l’écriture tendue de l’auteur, son sens du détail qui fait mouche, sa capacité à nous faire entendre le bruit du bois qui craque sous les bottes et sentir les relents du mauvais whisky de saloon.

En fait d’histoire, le roman propose plutôt une série de destins qui ne tarderont pas à se croiser… On apprendra donc à connaître Brad et Jeffrey (les Marx Brothers du Far-West), Eau-qui-court-sur-la-plaine (la rebouteuse indienne), Bird et Elie ( Je t’aime moi non-plus), ou encore Zébulon qui n’a vraiment rien à voir avec son homonyme du Manège enchanté. Tous convergent vers une ville, jamais nommée, où au hasard des opportunités et des tournées de bourbon, ils abandonneront leur vie d’aventure pour devenir cow-boys, quincailliers ou encore patron de bains-publics.

Ce livre, c’est de la balle.

Comme ça, ça n’a pas l’air fantastique, mais essayer de raconter Faillir être flingué , c’est limite se tirer une balle dans le pied.

Livre-chorale (mais façon country), le génie de cette fiction est justement de ne pas avoir une, mais dix histoires à raconter. Entre Il était une fois dans l’Ouest et Jackie Brown, la narration use de mille procédés cinématographiques pour aller de l’une à l’autre et ainsi garder intact l’intérêt du lecteur pour ce roman en Panavision.

Sans réinventer le genre (serait-ce bien nécessaire?), Céline Minard lui rend un hommage du tonnerre et use finement de tous ses codes pour nous livrer une des oeuvres les plus originales de cette rentrée.

Chapeau.

Sam Elliot

« Tiens, je ferais p’têt bien d’apprendre à lire, moi »

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Barbe de saloon

Belle barbe de saloon

 

Lu par Claire

 

 

Enfin, un roman qui s’assume tel quel. Divertissant au sens noble du terme, sans chichis stylistiques ni snobisme plein de tics , imaginatif sans plagiat mais avec crachats et assassinats, attachant sans yoyo émotionnel, bourré de détails narratifs réjouissants et, comble de la jouissance, « offrable » pour Noël à toute la famille. Si, même votre grand-mère.

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