Lu par… Gaël

Tombé des épaules des géants

Une page de Capitaine

Écrivain confronté au syndrome de la plage blanche

« Allo, c’est Claude ! Oui j’ai presque fini Tristes Tropiques! «
Lu par… Gaël
Tombé des épaules des géants
Une page de Capitaine
Écrivain confronté au syndrome de la plage blanche
« Allo, c’est Claude ! Oui j’ai presque fini Tristes Tropiques! «
Lu par… Charlotte
Une moustache éssonienne
Je l’avoue avec une franchise teintée d’embarras, c’est par inclination pour les potins germanopratins que j’ai eu envie de lire Vivre ensemble, la dernière autofiction d’Emilie Frèche (si vous êtes passé(e) à côté du « scandale », vous pouvez vous rattraper grâce à cet article). Mais je n’avais jamais lu Emilie Frèche auparavant et n’avais donc pas d’a priori.
L’histoire de Vivre Ensemble est simple… quoi que. Déborah, divorcée, un enfant, est recasée depuis peu avec un homme séparé, un enfant, et elle s’interroge sur le vivre-ensemble. Une question légitime à la base, mais peut-être davantage encore pour Déborah qui cumule les clichés situations insolites. Voyez plutôt.
Il y aussi la mère de Salomon qui est hystérique, des phoques qui baisent sur la plage de Calais, une femme rabbin progressiste, une petite Beagle qui va mal finir. C’est dingue tout ce que certaines personnes vivent.
Sur le plan littéraire, bon bah ça se lit (très vite). L’adjectif « abyssal » est quand même cité deux fois dans les cinq premières pages et l’auteure semble avoir une prédilection pour les expressions toutes faites sans poésie (je ne les ai pas notées, j’aurais dû, je sais).
Sur le plan du récit, personnellement, je me suis (très vite) ennuyée. Outre la lourdeur des clichés situations, la narratrice a toujours le beau rôle et c’est relou. Son ex-mari est trop sain et cool et ouvert. Son fils est solaire et sympa. Le match est inégal : en face, le nouveau mec est un peu perdu professionnellement, il a un frère mort d’une overdose qui – évidemment – s’appelait Salomon et, on l’a dit, une ex tarée et un fils qui souffre d’une forme d’autisme. Le vivre-ensemble en prend un coup, forcément. Dernier point, quand on sait que c’est une autofiction assumée, tout ça met un peu mal à l’aise aussi. Certes, les cohabitations réussies ne sont pas légion, mais les vertus de l’autocritique et de l’imagination non plus, on dirait.
Puisqu’on vous dit qu’il n’y a aucun rapport !
Lu par Alys
Bouquetin
Viens, viens sur la montagne
Lu par Bérénice
S’il y avait vraiment quelque chose à en dire cela serait déjà une avancée mais malheureusement le scénario ne rattrape pas la langue, et vice versa.
En dépit d’une scène de viol dont on sent qu’il attendait beaucoup, l’auteur ne peut même pas prétendre au Trop Virilo.
Tristesse et consternation à Douarnenez.
Lu par Claire
Éditions Stock
Ce n’est pas parce que le président des Etats-Unis est noir que les problèmes de racisme ont disparu dans ce pays.
C’est sur ce brave constat digne d’une discussion à la boulangerie un dimanche matin que Judith Perrignon s’est magistralement appropriée la culture et la façon de parler d’une famille noire-américaine, sévèrement chahutée par une population intrinsèquement méfiante, abolition de la ségrégation ou pas.
L’indigne vieille femme est celle qui s’exprime le plus à travers les lignes de l’auteur, et sa vision historico-ironico-réac de la société, sa propre famille en premier, ne se lit pas sans un certain plaisir. Mary Lee, qui en a vu plus d’une et a elle-même grandi sous le joug de la ségrégation, regarde d’un mauvais œil ses petits-enfants entrer dans le jeu de ceux qui leur crachent dessus. Car Mary Lee habite avec sa fille Dana, mère célibataire d’une tripotée d’enfants sans pères. Des enfants, et une fille, qui prennent tour à tour la parole sous la plume habitée de swing de Judith Perrignon.
De flashbacks historiques en critiques poétiques, Mary Lee repense au temps de son enfance, lorsqu’il était interdit aux enfants noirs de se baigner. Cette barrière culturelle à l’apprentissage de la natation, qui marque la société américaine depuis l’époque de l’esclavage, marquera la famille bien plus fortement que tout ce que le racisme quotidien n’avait pas encore réussi à faire.
Sans misérabilisme et avec une justesse de ton et de description étonnante d’un monde auquel elle n’appartient vraisemblablement pas, Judith Perrignon signe ici une parenthèse rafraîchissante dans le paysage désolé d’une rentrée littéraire en cruel manque d’inspiration. Peut-être parce que ce roman est inspiré d’une histoire vraie. Et que cette histoire se passe à des milliers de kilomètres de Saint-Germain des Prés.
Grasset
Lu par Anne
En ouvrant La Réparation, surprise, il ne s’agit pas d’un énième roman autofictionnel d’un auteur autocentré qui ne parviendrait à se relever des dégâts infligés par le Nouveau Roman (ouais, je sais, je vais pas me faire que des copains, va y avoir débat à la prochaine réu, les cocos).
Si Colombe se met en scène – on ne se refait pas –, c’est bien pour étaler ses névroses mais pour une fois, on aurait du mal à l’en blâmer. Récapitulons : un beau jour, Colombe qui ne s’entend pas très bien avec sa maman décide pourtant de l’écouter et de nommer sa fille Salomé, comme sa petite cousine disparue dans les camps de concentration. Cette décision surprenante, accompagnée de cauchemars angoissés, va pousser Colombe Schneck à s’interroger sur les circonstances qui ont conduit à la mort de cette petite fille. Au prix d’une pérégrination physique et intellectuelle laborieuse, elle finit par comprendre l’impensable, à dévoiler le non-dit : la mère de Salomé a sacrifié son enfant plutôt que sa propre vie.
Alors que les derniers survivants s’éteignent peu à peu, il est une absolue nécessité de conserver en masse tous les témoignages de première ou de seconde main, les analyses académiques autant que la matière brute des récits. Bon. Mais l’on peut s’interroger sur la nécessité sinon historique alors littéraire du texte de Colombe Schneck. En lieu et place de la vision de l’auteur, qui sur un sujet aussi délicat aurait dû faire œuvre comme Daniel Mendelsohn avant elle, on découvre au mieux une enquête journalistique modestement rédigée, qui échoue hélas à émouvoir, à informer, à donner à réfléchir, à fasciner par un style, etc. Que Colombe Schneck ait ressenti l’impérieuse nécessité de relater cette histoire, on peut le comprendre. Qu’un éditeur ait décidé de le publier dans une collection littéraire, nettement moins, et que plusieurs jurys l’aient choisi pour figurer dans leur sélection, franchement pas. Les passages réellement littéraires apparaissent au mieux quand l’auteur, apparemment peu sûre de sa propre matière, cite Jorge Semprun ou Annie Ernaux. Pour le reste, malheureusement, Colombe Schneck semble bien peu inspirée.
Éditions Stock
Lu par Claire
Je ressens une certaine fatigue au moment fatidique de rédiger cette critique. Oui, parler de fatigue fatigue, tout comme regarder les J.O donne des courbatures, voilà une vérité vraie. Vlan.
Pour ceux qui auraient la flemme de lire la critique en entier, ci-joint un condensé express anti-fatigue : concept de base ok, début ok, développement et fin ko. Pratique, c’est symétrique.
Patrick, la quarantaine bien tassée, architecte reconnu d’une ville de province, heureux mari et père de deux ados, se rend compte à la mort de son propre père que le temps passe. Alors qu’il commence à se poser quelques questions existentielles un tantinet gênantes, le médecin lui annonce qu’il est frappé d’une leucémie foudroyante et qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre. Paradoxalement, Patrick s’attache à organiser sa mort avec un détachement et une application qui frisent à la maniaquerie, éprouvant même jusqu’à un plaisir coupable à faire le tri et le ménage dans sa vie. Alors le jour où le praticien ravi lui annonce qu’il y a eu une erreur de diagnostic et qu’il n’est pas près de sucrer les fraises, Patrick tombe dans ce qui ressemble à une dépression post-partum. Il abandonne maison, travail et famille et part s’installer à l’hôtel à cinq cents mètres de là. Non mais qu’est-ce que c’est que ces façons de lui voler sa mort ?
Jusqu’ici, le roman de Christian Authier tient la route : un concept original, un protagoniste attachant, une écriture fluide.
Seulement, les deux tiers restants du livre tombent dans la même phase dépressive que traverse Patrick, une élucubration nombriliste en manque flagrant de rythme. Il s’ennuie, on s’ennuie.
La fin – Patrick se rappelle soudain que sa chère femme lui manque et qu’il est temps de rentrer au bercail, oh !, ça tombe bien, elle l’a attendu presque un an sans moufeter – achève de nous dé-convaincre. Ça ne se dit pas ? Tant pis.
Stock
Lu par Marine
Voilà un roman qu’il est sympathique. Je parie sur son inscription dans les listes de livres à lire au lycée des professeurs de français d’ici quelques années. Sérieusement, le propos se tient de bout en bout, dans un univers de science-fiction genre « Banlieue 13 » (le truc produit par Luc Besson) mais en beaucoup mieux, cela va sans dire.
Très pédagogique à une époque où la caméra de surveillance devient un credo politique, où la sélection par le dépistage génétique pointe le bout de son nez, où l’autre devient l’ennemi (cf le merveilleux titre de l’Express de cette semaine : L’Occident face à l’Islam) et le clonage, un rêve de plus en plus avouable.
Ce qui est bien avec ce roman, c’est que tout n’est pas forcément bien qui finit tout bien, mais l’horizon y est meilleur qu’au début. Cela ne traumatisera donc pas des cohortes d’adolescents. J’attends même avec impatience la suite (j’ironise mais, je le jure, j’aimerais bien, je ne suis pas bégueule). Car ce roman a le mérite de ne pas se prendre pour plus qu’il n’est. Alors, certes, ce n’est pas un chef d’œuvre de la littérature contemporaine mais c’est honnête et il s’offre sans problème aux tantes, cousins ou copains (oubliez cependant votre boss qui pourrait y voir une critique de son management un peu trop serré…).
Les poilus parlent aux poilus