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Le Train 8427 en provenance de Genève, de Jeanne Sialelli

26 Oct

Rasoir smiles

Editions Blanche

Lu par Philippe

La SNCF vous remercie

Tendance lourde de cette rentrée littéraire (cf. Oh… de Djian, L’atelier de chair, Angot, 50 shades…) l’héroïne amoureuse d’un homme violent, et si possible violeur. On pourrait analyser cette tendance sado-maso chez les écrivaines, qui aiment à maltraiter leur narratrice par des brutes à l’haleine chargée. Nous ne nous y commettrons pas de peur de sombrer dans des considérations vraiment Trop Virilo…

Un livre 50% moins cher avec la carte 12-25 ans

Nous nous contenterons de ce pitch : Une femme mariée, poissons rouges, vie calme, rentre en train de Genève. Elle se fait violer par un trio dans un compartiment, mais jouit comme jamais avec l’un d’entre eux, plus tendre, plus dominateur et plus chef. Le deux comparses vont alors chercher des clients dans le reste du train et le second round du bouquin est une sorte de tournante continue par des hommes la pensant « prostituée consentante ». Défilent alors, à la Perret, le grand joufflu le p’tit bossu… sauf qu’on rit moins. De retour chez elle, l’héroïne comprend s’être entichée du violeur aux yeux d’or et à la voix profonde et le cherche comme on perd la raison.

Ce qui m’aiment (mal) prendront le train

Hormis la honte qui vous brunit dès qu’une personne passe à côté de vous dans la librairie, l’expérience de lecture n’est pas mauvaise, juste malaisée car agréable comme une scène du film Irréversible. On n’est pas ravi-ravi mais enfin, c’est le jeu. On s’interroge un peu sur le choix de l’auteur : pourquoi pas un, pas deux, mais une trentaine de viols ? Cette débauche crade renforce-t-elle le propos ? Pour le reste, le livre entend pénétrer la délicate question du viol et de son fantasme chez les femmes. Et selon l’éditeur : Ce roman est destiné à entrer dans la bibliothèque des grands textes du genre. Ces deux promesses sont bien trop ambitieuses malgré la sincérité du projet et son originalité too much. Il aurait pu être finaliste du Trop Virilo, mais il semblait tant le vouloir, qu’on s’est dit non. Trop facile ça.

Une question cependant, le procès d’intention qui aurait été intenté à un homme s’il avait écrit ce texte peut-il être retourné ici ?

Une semaine de vacances, de Christine Angot

19 Oct

Glabre gland

Flammarion

Lu par Philippe

C’est la Saint-Claude

Ce livre est court. Attiré par les critiques élogieuses, j’ai tenté les vacances de ses 16 ans avec son père incestueux. Je suis sorti de cette lecture absolument inchangé, tiède, indifférent. Ne croyez pas les chroniqueurs : ce livre N’EST PAS marquant ou implacable… A part à vouloir le relire comme un fan fiction porno de L’Empire Contre-Attaque, ce qui constitue une clef de lecture judicieuse.

La pipe au jambon et l’effet Darth Vader

Il y a une pipe au jambon et on y baise dans tous les sens. Beaucoup de fellations, des doigts, de la sodomie. C’est bien malsain puisque c’est de l’Inceste. Rappelons-nous Luke et Leïa. L’écriture n’est pas racoleuse (peut-être plus le projet de publication…). Comme je suis un besogneux, j’ai relevé trois éléments :

1- Le style : toujours clair, très descriptif, précision des scènes, distanciation. Le but est de montrer, donc. Le lecteur est confronté à une horreur (b)anale (honteux, mais LOL). « Il est assis sur la lunette en bois blanc des toilettes, la porte est restée entrouverte, il bande. Riant à l’intérieur de lui-même, il sort de son papier une tranche de jambon blanc qu’ils ont achetée à la supérette du village. »

– Luke ! Dis moi « Je t’aime Papa » !

2- SPOILER : Lors de la première scène (la pipe au jambon, une bonne vingtaine de pages tout de même) on ne sait pas encore que nous ne sommes PAS entre adultes. Cela renforce le malaise lors de notre « révélation » au bout de quelques pages « il lui dit « dis moi je t’aime papa » « . Je reste très circonspect quant à ce petit procédé (on s’y attendait un peu), que l’on appellera l’effet Darth Vader, assez inélégant malgré l’enjeu narratif.

3- La victime est soumise et ne se fait entendre que pour pleurer : presque pas de verbe d’action, très peu de mots. Le père demande, il impose, il regrette, il ordonne, il instruit… Bref, la domination est retranscrite. Puis un début d’indépendance apparaît. Les dernières lignes laissent comprendre une rémission car laissée seule, « elle commence à parler [à son sac] ». C’est par le langage qu’elle a commencé à sortir de cette relation, et c’est aujourd’hui encore par le langage (écrit) qu’elle traite son sujet (double jeu de mot). Pourrait-on parler ici de topic R2D2, traçant son chemin face à un C3PO qui soliloque ? Je le pense.

Voilà le propos du livre. De ces trois éléments, on crie au génie. Le tout est absolument anodin.

Des critiques biflées

Les critiques face au livre

Ce que je ne comprends pas, c’est que cette littérature éveille un intérêt chez quelqu’un. Cela se voudrait froid et implacable. C’est juste terriblement tiède, bien au delà du projet d’écriture : horreur/banalité/clarté. Pire encore, les chroniqueurs (Trois pages sur Libé, France Inter, l’Express…) s’enflamment : On nous parle de « texte sidérant », « d’expérience incroyable »… Je pense qu’il est une pure cristallisation de la critique, un peu comme les Ewoks révérant C3PO :

Un petit quiproquo et c’est le drame

Ce récit a pour seul horizon le témoignage d’une personne violée. La seule raison d’acheter ce livre serait par empathie pour l’auteur, et donc pour des raisons tout autres que littéraires : Après toutes ces années, regardons comment Angot se dépatouille avec ses souvenirs, la pauvre… On espère qu’elle va aller mieux! En somme, nous ne sommes plus les lecteurs d’un livre, mais les spectateurs de la carrière d’un écrivain. Le seul moyen d’apprécier ce bouquin est de devenir un groupie de la résilience d’Angot. 

Prix Pilon en vue !

C’est presque la définition du Prix Pilon que nous avons là : L’ensemble du projet, en dehors d’un objectif de déforestation -qui révulserait pourtant les ewoks- me semble absolument vain. Un roman doit utiliser la plasticité du langage pour donner une puissante expérience de lecture ; se décantera en vous comme un bon vin pour faire mûrir votre pensée ou votre imaginaire. A ce petit jeu, le livre d’Angot est un vin de table éventé qui a perdu tout son intérêt et son tannin depuis la violence du premier témoignage, qui ne valait que par ces trois mots d’ailleurs : violent, témoignage, et surtout premier… Depuis, on aurait pu sauver des arbres.

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