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Un amour d’espion, de Clément Bénech

28 Sep

Lu par…Gaël

Duvet de limier

 

 

 

 

Le narrateur à l’identité inconnue, étudiant en géographie saisi par l’inactivité post-examen, part au débotté passer trois mois à New York où il file, pour le compte d’une amie, l’homme dont elle est amoureuse mais avec lequel elle a rompu car il traîne derrière lui un sombre secret.

 

Il y a des références potaches à un ami personnel de l’auteur et par ailleurs auteur chez Gallimard, à une capitale de l’imaginaire lovecraftien, et j’imagine à d’autres choses que je n’ai pas identifiées.

 

On s’y perd.

 

Il y a une bluette new-yorkaise. Il y a l’effleurement tragique de l’histoire contemporaine de la Roumanie. Il y a une connaissance assez encyclopédique de la géographie brooklynienne, acquise au choix grâce à Google Maps ou grâce à un séjour oisif qui a dû ressembler quelque peu à celui du narrateur.

Voyage coût carbone maîtrisé : « alors là je me suis laissé surprendre, j’ai tourné à droite sur google street view ».

 

Il y a une mise en abîme superflue de l’auteur dans un de ses personnages. Il y a pas mal de références ironiquement distanciées© à la culture et au rapport au monde d’une génération digital native. Il y a des photos et des schémas qui dispensent de descriptions. Il y a, honnêtement, quelques moments de grâce d’écrivain – dans le portrait de Dragan, le mystérieux amoureux ; dans une scène de basket de rue impliquant une star de la NBA sur le retour. C’est pop, potache et vite lu. Globalement, ça n’est pas très bien écrit malgré des préciosités, et assez mal construit. Noté par les correcteur du narrateur, ce livre mériterait sans doute un : des facilités, mais pas assez de travail. Dommage.

L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa, de Romain Puértolas

4 Nov
Barbiche shizophrène

Moustache sacrée

Editions Le Dilettante,

Lu par Alys

Comme son nom le laisse présager, ce roman est un poil à part dans le paysage de la rentrée littéraire. Drôle, loufoque, enlevé, il suit le parcours chaotique de l’indien Ajatashatru (prononcé Jatte à tache à trou), moustachu (détail important), fakir et surtout escroc de son état. Venu à Paris pour s’acheter le dernier matelas à clou made in Ikea, il se retrouve enfermé dans une armoire, envoyé aux quatre coins de l’Europe via les circuits d’immigration clandestine, et pourchassé par un chauffeur de taxi gitan. Ses aventures le mèneront à écrire un roman sur une chemise, à le publier par l’intermédiaire de la star Sophie Morceaux et à retrouver la fille dont il est tombé amoureux entre deux boulettes de la cantine suédoise.

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From Bollywood to Hollywood

Quelques semaines après la sortie, le livre fait un tabac : il est déjà vendu à 80 000 exemplaires et les droits ont été acheté (une fortune apparemment) pour le cinéma. On ne s’en étonne pas, car le roman a toutes les qualités d’un succès en librairie et en salle : le héros est attachant, l’histoire pleine de rebondissements, et la fin digne des plus belles comédies américaines.

Un héros à grosse moustache

Outre la satisfaction de pouvoir sélectionner dans sa liste un héros à la moustache fournie, le jury a aussi (et surtout) aimé la première partie du roman, complètement barrée et très cocasse. Cependant, on regrette un peu le changement de rythme, dans la seconde partie du roman. Le ton se fait plus moralisateur, et à mesure que le fakir change de carrière, on perd un peu la logique « escroc » du récit, ce qui est dommage, car c’est bien ce qui en faisait tout l’intérêt.

Un détail qui participera peut-être à la légende : à la manière de JK Rowling qui écrivait dans les pubs pour être au chaud, l’auteur, lieutenant de police, a écrit ce roman sur son téléphone portable lors de ses trajets quotidiens en RER.

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Pornographia, de Jean-Baptiste Del Amo

24 Oct
Violence glabre

Chauve comme un oeuf

Editions Gallimard,

Lu par Alys

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Une seule moustache. Tous les gay-fans de Tom Selleck pleurent.

Ca commence par une errance. Une errance dans une ville tropicale, un peu hallucinée, à la manière de Rhum Express, de Hunter Thompson (le livre hein, pas le film). Ca commence plutôt bien donc, et puis, à la page 3, tout bascule. Le narrateur rencontre un jeune lutteur sur la plage, le paye, et nous gratifie d’une description de leurs ébats assez précise  et plutôt sale. En lecteur consciencieux, on patiente, on attend la suite des errances. Et malheureusement le roman se résume à un enchainement de scènes pornographiques gay, crues, voire très crues, à vous faire regretter la Princesse de Clèves. Ne nous trompons pas, nous aimons ça, le cul, mais lorsqu’il a un intérêt littéraire, ce qui n’est pas le cas ici. A livre nul, critique courte, car comme on le dit en Provence, « beau chemin n’est jamais long ».

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Gonzo-aphia, en fait

Ormuz, de Jean Rolin

19 Sep
Jean Rolin

La barbuz du routard intello

         Editions POL

         Lu par Claire

Wax (oui, c’est son nom) a décidé, malgré une décrépitude entamée et un solide penchant pour l’alcool et la mythomanie, de traverser à la nage le Détroit d’Ormuz. Un détroit mal fréquenté par des navires de guerre, des pétroliers, et les boulettes qu’ils perdent en cours de route.

Jean Rolin

Qui vient se baigner avec moi?

Fidèle Sancho, Jean Rolin, narrateur omniprésent, sillonne la région afin d’effectuer un repérage politico-géographico-culturel pour le compte de son ami, son collaborateur, son patron Wax, qui n’apparaît lui-même qu’à travers la plume de l’auteur. Un voyage entre réalité et fiction dont on ne comprend ni la nature ni l’aboutissement, si ce n’est que son auteur prend un plaisir évident à le décrire, à défaut de savoir s’il le réalise vraiment.

Jean Rolin

Tout est là.

Certes, ce roman livre est superbement documenté et raconté, et constitue même un cours de géopolitique largement plus intéressant que la moyenne, mais comme je le confiais avec classe il y a peu à l’un de mes confrères à la pilosité douteuse:  » Ormuz a avantageusement remplacé mes habituels somnifères : tout aussi efficace, bien plus cérébral, et sans effets secondaires. » Il ne lui manque finalement que la dimension fictionnelle – romanesque – qui aurait été à même de faire frisoter ma moustache de lectrice. Dommage.

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