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L’homme qui s’envola, d’Antoine Bello

9 Oct

Lu par…Bérénice

Pas le temps de se laisser pousser la moustache

 

 

 

 

On savait qu’Antoine Bello était un fervent défenseur de l’entreprenariat et un peu je-m’en-foutiste. Ses tomes 2 et 3 de la trilogie du néanmoins très bon Les Falsificateurs nous avaient assez éclairé là-dessus.

Quid de l’homme qui s’envola ?

Il s’appelle Walker et il est très frustré, parce qu’il est riche (il a plus ou moins hérité de l’entreprise de beau-papa et l’a faite décoller), c’est un self-made et business man de génie (son entreprise fait de la livraison de colis et il sait décrocher un marché comme la petite vérole sait trouver le bas-clergé), il a une très belle femme, deux chouettes enfants, un entourage qui l’apprécie (mais ça on ne sait pas trop pourquoi), un petit avion qu’il pilote pour son plaisir et ses rendez-vous (ça se passe dans un futur pas trop lointain). Walker, donc, est frustré, parce qu’il voudrait du temps, et comme il est doué il fait tout très vite, mais comme il a une vie avec un travail, une famille et des amis, son agenda se remplit, et donc il n’a plus de temps.

Pourquoi veut-il du temps ? ON NE SAIT PAS. Pas pour passer du temps en famille dans sa maison sur la côte (il la déteste, le jour de la signature de la vente il a dit à sa femme qu’il n’en voulait pas puis il a signé, parce que depuis il faut réfléchir sur la couleur du crépi et ça lui fait perdre du temps, alors que, Walky, il suffisait de dire à ta femme veto sur le crépi, c’est immonde, gardons les pierres apparentes). Pas pour passer du temps avec ses enfants (il faut les écouter réciter des poésies ou pire, aller à leur spectacle de théâtre et leurs matches de football). Pas pour passer du temps avec se femme (elle parle de plein de trucs inutiles). Pas pour avoir une activité philanthropique dans la fondation créée par sa femme (il n’en a rien à foutre). Pas pour se projeter dans une vie confortable dans quelques années (il angoisse déjà à l’idée de tout le temps perdu au mariage de ses enfants et au baptême de ses petits-enfants). Pas pour développer de nouveaux marchés (comme il est trop fort il sait vraiment tout faire mais tout le monde se repose sur lui et après il va encore devoir faire un powerpoint) (et là, Walker, je te comprends).

C’EST TERRIBLE. Cet homme d’une vacuité intense décide donc de disparaître, car il n’est pas capable d’affronter cette vie. Il organise un crash dans une haute chaîne de montagne, se foire un peu sur l’atterrissage en parachute et boîte dans les bois. Ensuite il rejoint tout de même une ville et va à la pharmacie. C’est l’anti John Rambo, ce héros est d’un ridicule achevé.

Une assurance-vie sur sa tête au sein de sa boîte valant 30 M€, l’assurance qui engage un détective (on dit skip-tracker aux US parce que ça fait plus moderne). Le détective sent vite qu’il y a anguille sous roche et le découvre assez vite, parce que Walker a voulu fuir mais pas trop loin puisque seuls les Etats-Unis sont en mesure de lui apporter cette formidable sensation de liberté qu’il recherche.

Je vous la fais brève mais ensuite c’est l’histoire de il sait que je sais qu’il sait que je sais, et le détective se tape la femme de Walker et le laisse filer car un si grand souffle d’indépendance ne saurait être tari. A la fin, le détective et l’ex-femme de Walker le croisent dans un aéroport, il est pressé, on ne sait pas où il va mais il a l’air déterminé, ils se sourient, tout le monde est en paix.

Tout est ridicule dans ce livre, à commencer par la fascination de son auteur pour Ayn Rand, fascination qui sourd à chaque ligne. Walker est ridicule, on a envie de le secouer et de dire à sa meuf de le plaquer, l’histoire est ridicule (avec des dizaines de milliers de dollars à sa disposition, Walker échappe au détective mais ne fait tout de même rien de sa nouvelle vie puisqu’il passe son temps à prendre le bus pour changer de ville et à demander à des inconnus de payer en liquide une chambre dans des motels miteux), la chute est ridicule, le fait que la compagnie d’assurance ne se dise pas qu’il y a peut-être un problème à ce que le détective payé fort cher déclare Walky mort et s’installe avec madame est ridicule. Ne lisez pas ce livre, ne l’empruntez pas, il souillera votre âme, ne l’achetez pas, économisez 20 €.

 

Ce que je conseille de faire avec ce livre.

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