Éditions Actes Sud
Lu par Claire
Remarque liminaire destinée aux désappointés potentiels : ce livre ne parle ni d’espèces marines en voie de disparition, ni de théories sur l’évolution de l’espèce humaine, ni d’affreux requins tueurs de plagistes. Adieu, apprentis commandants Cousteau darwinistes.
Vigdis l’islandaise et Livia l’italienne décident via Internet d’échanger leurs lieux de vie pour quelques semaines. Les conjoints, quoi qu’ils puissent en penser, sont priés de suivre. Pas de bol, ou le contraire ? Leurs voyages respectifs sont chamboulés à l’arrivée par les inondations de Rome pour l’une, et l’éruption du fameux volcan islandais pour l’autre. Ces bouleversements naturels induisent des bouleversements personnels majeurs. Les conjoints disparaissent de la circulation, au propre pour l’une et au figuré pour l’autre, tandis que les deux femmes décident finalement de s’installer ad vitam aeternam dans le décor de l’autre.
L’auteur manie une langue imagée tout en finesse et poésie, où s’entremêlent poids du passé, non-dits familiaux et amoureux et petits tracas du quotidien. Si l’on prête une oreille bienveillante aux états d’âme de Vidgis et Livia, le récit est plombé par ce que l’auteur a intitulé elle-même des « fragments », la pensée décousue du vieux père de Livia, Tancredio, qui ressasse depuis la maison de retraite médicalisée où il est placé ses remords du passé. Des intermèdes qui n’apportent pas grand-chose à l’ambiance et à l’épaisseur dramatique du roman si ce n’est peut-être un bon entraînement de lecture en diagonale.
Une lecture en demi-teinte, donc, qui convainc sans convaincre, une bonne idée de départ qui se prend un peu les pieds dans le tapis, un esprit d’observation et de description sensible que l’on n’arrive ni à rejeter en bloc ni à totalement valider.
Votre commentaire