Lu par Bérénice
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Léger duvet blond
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Il y a une gouvernante, elle est suédoise, elle s’appelle Livia. Elle est arrivée dans la vie de Léonard et d’Hulda un peu par hasard. Léonard lui-même est arrivé dans la vie d’Hulda un peu par hasard.
Ensuite, Hulda est débordée par les enfants qui s’accumulent et les lessives toujours plus nombreuses, Léonard s’assèche avec le temps qui passe, Hulda est de plus en plus seule, et à l’occasion d’un voyage, Léonard recrute Livia (car Olivia, non, elle n’aime pas), fille de comédiens, cultivée, alerte, et sans dot car cadette. Livia est ordonnée comme un tableur excel à double entrée, elle s’occupe des enfants et de leur mère tout en manifestant une distance teintée de mépris pour cette femme à peine sortie de l’enfance qui ne sait rien faire et se perd dans son monde sans comprendre qu’elle a tout. Léonard, de son côté, est plus mauvais négociant encore que professeur et les affaires sont mauvaises. Il faut s’exiler, partir sans trop expliquer pourquoi à sa femme et la famille, direction Meudon, plus province encore que Göteborg.

Même la vie associative locale ne parvenait pas à redonner à Léonard sa joie de vivre
Il y a d’excellentes choses dans cette Gouvernante suédoise : une atmosphère intime rendue à petit coups de pinceaux, des références pertinentes à Bergman, un trio amoureux qui sonne plutôt juste.
Deux moustaches, seulement, et c’est sévère, car en dépit de cette fresque plutôt bien menée, à l’issue malheureuse, et on le sait dès le début, l’auteure ouvre son roman par un chapitre expliquant qu’il s’agit de l’histoire de sa famille, de secrets et de non-dits, d’illumination de petite fille sur laquelle on revient une fois adulte, et de journal intime d’une arrière-arrière-grand mère. C’est à mon sens inutile, sauf pour sa famille, et nuit au roman, d’autant plus que les remerciements finaux sont explicites.
L’auteure ensuite, on le sent, se sent très proche de cette Livia, plus cultivée, plus libre, moins niaise qu’Hulda. A cultiver toutefois cette sympathie naturelle, elle malmène la petite suédoise qu’on sent en grosse dépression (un post-partum non pris au sérieux, abandonnée par un mari qui avait de plus grandes ambitions intellectuelles, sans ami.e.s), déchirée par un devoir de loyauté pour cette aïeule qui méritait qu’on choisisse un camp plus tranché. En ressort une fin attendue mais sans véritable tristesse et un roman un peu plat, mangé par ses descriptions.
On regrette le parti-pris d’en avoir fait une histoire exclusivement familiale : elle en ressort sans grand relief.
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Soirée pyjama au prix Virilo
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